Après l’élection triomphale de Bruno Retailleau à la présidence des Républicains, le parti héritier de la droite républicaine se remet en mouvement. Objectifs : reconquête des municipales, préparation du projet présidentiel et désignation, à l’été 2026, du candidat qui portera les couleurs de LR à la prochaine élection présidentielle.
Le Conseil national réuni samedi à Paris a permis de lancer la dynamique : une équipe a été constituée, les adhésions affluent, et le calendrier est fixé. Un pari audacieux, alors que le RN multiplie les succès électoraux depuis 2019 et semble incarner pour une partie croissante des Français une alternance crédible au macronisme.
Mais LR part en terrain favorable. Les municipales de 2026 seront un test crucial. Si la droite républicaine parvient à s’imposer dans les villes, notamment en reprenant aux écologistes la plupart des grandes métropoles françaises, elle pourra afficher une dynamique locale forte, là où le RN reste souvent fragile. En revanche, si le RN venait à percer aussi dans ce scrutin, l’horizon présidentiel de 2027 se noircirait sérieusement pour Bruno Retailleau.
Au fond, les Républicains peuvent-ils seulement, en deux ans, combler leur retard sur le RN ? Dans une Ve République plus que jamais dominée par la personnalisation du pouvoir, Retailleau peut-il se hisser au niveau de notoriété et d’autorité qu’incarnent désormais Marine Le Pen et son jeune poulain,Jordan Bardella ?
Pour y parvenir, plusieurs conditions doivent être réunies : incarner une droite ferme (mais est-elle encore crédible ?), proposer un projet clair sur l’immigration, la sécurité, la réindustrialisation, sans tomber dans la caricature zemmourienne ; recréer une fierté d’être de droite, dans l’esprit d’un gaullisme modernisé ; et surtout, redonner confiance à une France laborieuse, patriote et déboussolée.
Marine Le Pen acceptera-t-elle longtemps que Bruno Retailleau profite de la tribune nationale offerte par le ministère de l’Intérieur ?
Car dans ce duel des leaders, tout sera affaire de visibilité et d’incarnation. Et le temps presse : chaque jour sera une bataille sans merci pour le leadership des droites.