Le flux de cocaïne en provenance des Antilles vers la métropole ne faiblit pas. Les derniers jugements rendus à Lyon et Besançon, concernant deux réseaux distincts, confirment une tendance inquiétante : l’enracinement durable de circuits d’importation entre Guadeloupe, Martinique et l’Hexagone. Trois condamnations à de la prison ferme viennent s’ajouter à une série d’affaires qui ne cesse de s’allonger depuis le début de l’année.
Depuis janvier, une quinzaine de dossiers ont été recensés, illustrant une extension géographique qui ne se limite plus à l’Île-de-France, pourtant épicentre logistique du trafic. Si les aéroports de Roissy et d’Orly concentrent toujours une part importante des interceptions (200 kilos dans des bagages ou encore 40 kilos transportés dans un VTC) des démantèlements ont également été opérés dans le Centre, le Sud, l’Ouest, le Beaujolais ou encore le Doubs.
Cette prolifération d’affaires répond à une dynamique bien ancrée : la demande française en cocaïne a plus que doublé en dix ans, transformant les DOM-TOM en plateformes de transit structurelles. De la mule isolée au réseau bien organisé, les filières s’adaptent, utilisant colis postaux, bagages, et circuits maritimes via Le Havre.
La carte du trafic dessine désormais un maillage national, révélant une mutation du narco-système français, qui s’industrialise à mesure que la consommation s’intensifie. Les saisies se multiplient, mais la machine tourne à plein régime.
Patrice Clech