Opinion Outre-Mer
10H29 - lundi 16 juin 2025

15 tonnes de drogue : un réseau international démantelé en Guadeloupe

 

Ils auraient inondé les Antilles de cocaïne et de cannabis pendant deux ans. En Guadeloupe, dix trafiquants présumés ont été placés en détention provisoire, soupçonnés d’avoir orchestré l’importation d’au moins 15 tonnes de stupéfiants via un réseau international tentaculaire. L’annonce, faite mercredi par le parquet de Fort-de-France, lève le voile sur un trafic d’une ampleur inédite dans la région.

Tout a commencé le 15 juillet 2024, sur une plage de Capesterre-Belle-Eau, où 780 kilos de cocaïne et 26 kilos de cannabis sont saisis par les autorités. Trois individus sont arrêtés en flagrant délit. L’enquête, confiée à la Juridiction interrégionale spécialisée (JIRS) de Fort-de-France, va rapidement révéler un système aussi efficace que discret, reliant le Venezuela aux côtes guadeloupéennes, avec des transbordements opérés en mer par des intermédiaires dominiquais.

En parallèle de la drogue, le circuit de l’argent sale suivait son cours. Plus de 450 000 euros ont transité vers la Dominique et le Venezuela en moins d’un an et demi, essentiellement via Western Union. L’appât du gain se matérialisait dans les villas, les voitures de luxe, les bijoux, et l’arsenal saisi lors des interpellations.

Entre le 30 mai et le 2 juin 2025, l’étau se resserre. Dix figures centrales du réseau sont arrêtées, mises en examen, puis écrouées. Les perquisitions permettent de saisir près d’un kilo de cocaïne, 840 grammes de cannabis, une arme, des munitions et des biens de luxe. Le coup de filet confirme que les îles françaises des Caraïbes ne sont pas seulement des territoires de transit, mais aussi des terres d’ancrage pour les narcos.

Car les chiffres parlent. Depuis le début de l’année, quarante-trois homicides ont été recensés en Guadeloupe, Saint-Martin, Saint-Barthélemy et Martinique. La majorité par arme à feu. Le narcotrafic, de plus en plus structuré, nourrit une violence quotidienne qui fait vaciller les fondations sociales de l’archipel.

Cette affaire n’est peut-être qu’une pièce d’un puzzle bien plus vaste. Mais elle confirme une certitude : les routes de la drogue vers l’Europe ne passent plus seulement par l’Atlantique. Elles se posent désormais sur les plages antillaises.

 

Patrice Clech

Polynésie française : l’hôpital malade de son statut

Polynésie française : l’hôpital malade de son statut
C’est une anomalie qui dure depuis trop longtemps. Le Centre hospitalier de la Polynésie française continue de fonctionner comme une administration classique alors qu’il concentre 80 % de l’activité hospitalière du territoire.…