Opinion Outre-Mer
09H36 - samedi 14 juin 2025

Mutinerie à Ducos : sept heures sous tension dans la prison martiniquaise

 

Ils ont dit non, et ils ont tenu tête pendant sept longues heures. Lundi 9 juin, au centre pénitentiaire de Ducos, une trentaine de détenus ont refusé de réintégrer leurs cellules après la promenade matinale. Une mutinerie sèche, organisée, nourrie de rancunes anciennes et de griefs bien connus : des fouilles qu’ils jugent abusives et une surpopulation carcérale devenue insoutenable.

Dès 8 heures, la tension monte. Les surveillants tentent de parlementer, la direction aussi. Dix-neuf détenus acceptent de se replier. Mais une quinzaine s’accroche, retranchée dans la cour. Vers 14 heures, les forces de l’ordre sont appelées en renfort. Une soixantaine de gendarmes mobiles débarquent. Les négociations échouent, le gaz lacrymogène entre en scène. Fin de la rébellion.

Les meneurs sont identifiés dans la foulée : quatre hommes ciblés par les syndicats de surveillants qui réclament leur transfert immédiat. Tous les participants, eux, risquent des sanctions disciplinaires et judiciaires. Mais la colère qui les a poussés à braver l’autorité carcérale ne tombe pas du ciel.

Avec un taux d’occupation qui frôle les 145 %, Ducos incarne à lui seul les maux endémiques des prisons ultramarines. La densité étouffe, les tensions s’enflamment à la moindre étincelle. La mutinerie de ce lundi s’inscrit dans une spirale inquiétante.

Car Ducos n’en est pas à sa première alerte. Début juin, un gardien a été condamné pour avoir introduit des téléphones dans l’établissement. Quelques jours plus tard, une opération de fouille a mis au jour un véritable inventaire de contrebande : armes artisanales, balance de précision pour stupéfiants, téléphones. Une prison devenue zone grise.

Les détenus dénoncent un système qui les prive de dignité, les surveillants crient à la saturation et à la perte d’autorité. Entre les deux, une administration qui gère l’urgence comme elle peut, avec des moyens limités et des marges de manœuvre réduites.

La mutinerie du 9 juin n’est pas un simple coup d’éclat. C’est un symptôme. Celui d’un établissement sous pression constante, où les lignes de fracture s’élargissent. Et où le calme, depuis mardi, n’est qu’un fragile sursis.

 

Patrice Clech

 

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