Comme un rituel inévitable, la saison cyclonique revient frapper à la porte des Antilles. Depuis le 1er juin, l’alerte est activée, et en Guadeloupe, l’heure n’est plus aux discours mais à l’anticipation. Ce jeudi 12 juin, à Basse-Terre, l’ensemble des forces vives – élus, services de l’État, secouristes, bénévoles, météorologues – se sont réunies autour du préfet pour affûter leur dispositif de réponse. Car la saison 2025 s’annonce au-dessus des normales, avec déjà 16 cyclones identifiés, dont 4 ouragans majeurs potentiellement destructeurs. La Croix rouge notamment s’y prépare activement.
Le souvenir des noms funestes – Hugo, Lenny, Maria – plane toujours comme une menace silencieuse. Alors cette année, pas question d’improviser. Sur les 32 communes du territoire, 30 disposent déjà d’un Plan communal de sauvegarde, et les maires sont sommés d’en activer les dispositifs : lits picots disponibles, listes des personnes vulnérables actualisées, réserves prêtes. L’objectif est clair : réagir vite, et surtout, ne pas être pris de court.
La préfecture a voulu marquer les esprits. Dès la veille, la moitié des communes s’est prêtée à un exercice fictif grandeur nature. Le lendemain, c’est à l’auditorium Jérôme Cléry que s’est orchestrée la coordination générale, sous la houlette du directeur de cabinet Franck Dorge et du SIDPC. Tous les acteurs impliqués savent que la différence entre drame et résilience se joue en amont.
Mais un autre paramètre vient brouiller les cartes : la nature même des phénomènes change. Thierry Jimonet, directeur de Météo France Guadeloupe, tire la sonnette d’alarme. Depuis 2022, les cyclones ne se contentent plus de souffler fort : ils déversent des quantités d’eau inédites. Or, ces précipitations massives sont plus difficiles à prévoir que les vents. Le changement climatique rebat les scénarios classiques, rendant la tâche des prévisionnistes encore plus complexe.
Les autorités, elles, martèlent les consignes : il faut dès maintenant constituer son kit d’urgence, anticiper les coupures, se préparer à l’isolement. Car lorsque l’œil du cyclone se présente, il est déjà trop tard pour agir. Cette année encore, la Guadeloupe retient son souffle. Et espère que la rigueur de sa préparation pèsera plus que la violence des éléments.
Patrice Clech