Pas besoin de produire bio ou de planter des arbres pour être concerné par la biodiversité. C’est le message qu’a voulu faire passer l’Agence Régionale de la Biodiversité des Îles de Guadeloupe (ARBIG) mardi 10 juin, lors d’un atelier destiné aux chefs d’entreprise. En partenariat avec la Chambre de commerce et d’industrie, l’initiative vise à démontrer que toutes les activités économiques – même les plus éloignées des filières « vertes » – dépendent, à un moment ou un autre, du vivant.
L’idée ? Construire avec les participants un plan d’action adapté, capable de traduire concrètement leur impact écologique et les moyens de le réduire. Car derrière les entrepôts, les bureaux et les zones industrielles se cachent des interactions invisibles mais cruciales : qualité de l’eau, stabilité des sols, protection contre les risques naturels. Des équilibres souvent négligés jusqu’à ce qu’ils cèdent.
Julien Gérard, responsable de la communication de l’ARBIG, n’y est pas allé par quatre chemins. Il a pris l’exemple de Jarry, zone industrielle majeure de Guadeloupe, protégée par une barrière de corail. « Si on perd cette barrière, on perd Jarry. Et avec elle, une bonne partie de l’économie locale », a-t-il lancé. Un rappel brutal de la dépendance directe entre développement économique et écosystèmes.
L’ARBIG, créée en 2021 avec le soutien de la Région, de l’État, de l’Office français de la biodiversité et du Département, est la première structure de ce type dans les Outre-mer. Un symbole fort pour des territoires qui concentrent à eux seuls 80 % de la biodiversité nationale. Pourtant, le tissu économique local reste encore peu sensibilisé aux risques liés à l’érosion du vivant.
Cet atelier n’est qu’un début, mais il ouvre une brèche : celle d’une économie qui ne tournerait plus le dos à la nature. En Guadeloupe, comme ailleurs, les entreprises devront désormais composer avec une évidence trop longtemps ignorée : pas de croissance possible sur une planète en déclin.
Patrice Clech