Il croyait avoir trouvé la voie rapide vers la richesse. L’un s’était déjà frotté au vol, puis à l’escroquerie. Faute de succès, il s’est tourné vers la méthamphétamine, pensant que l’« ice » serait enfin la bonne. Mais c’est la justice qui lui a apporté la réponse. Surnommé « Escroc », ce trentenaire polynésien vient d’écoper de sept ans de prison ferme. Son acolyte, un ancien professeur de danse reconverti dans la logistique du trafic, a pris huit ans. Ensemble, ils devront aussi régler une ardoise salée : 900 millions de francs pacifiques, montant estimé de la marchandise qu’ils tentaient d’inonder sur le territoire.
L’affaire éclate en août 2021. Deux mules sont interceptées à l’aéroport de Tahiti-Faa’a avec près de neuf kilos d’ice soigneusement dissimulés dans des pots de friandises et du matériel électronique. Derrière cette importation hasardeuse, un attelage improbable : un petit délinquant local sans contact aux États-Unis mais prêt à tout, et un homme au passé plus structuré, considéré par les enquêteurs comme le véritable architecte de l’opération. Ce dernier aurait mis à disposition son carnet d’adresses, notamment un contact mexicain, tout en désignant les mules. Il s’est pourtant défendu mollement, affirmant qu’il ne faisait que « donner une adresse ».
Le stratagème reposait sur une mécanique bricolée : recruter des hommes à envoyer sur le continent américain pour acheter la drogue, la conditionner et la ramener dissimulée. L’un des envoyés a même été payé vingt millions de francs pour ses services. Mais tous les maillons de la chaîne ne partageaient pas la même confiance. Sous pression, menacé, l’un des exécutants a confié avoir continué malgré lui, redoutant des représailles. L’organisation, loin d’être professionnelle, a rapidement volé en éclats.
Au tribunal correctionnel de Papeete, les rôles ont été assumés, parfois avec panache, parfois avec cynisme. « C’est moi qui ai tout monté », a déclaré « Escroc », oscillant entre provocation et aveux. Il aurait financé l’ensemble de l’opération en revendant cent grammes d’ice volés à un autre trafiquant. Mais les douaniers n’y croient qu’à moitié. Pour eux, l’homme n’a « pas la carrure » pour organiser seul un trafic international.
La sentence est tombée hier 10 juin pour les huit hommes jugés. Finalement, les prévenus ont écopé de peines allant d’un an d’emprisonnement avec sursis probatoire de six mois pendant deux ans, à 8 ans de prison avec confusion de peines pour le chef d’orchestre. Ce dernier a d’ores et déjà été condamné à 7 ans, il passera une année de plus en prison. Quatre des huit prévenus auront aussi à payer l’amende douanière solidaire de 900 millions de francs.
Patrice Clech