Opinion Outre-Mer
10H31 - jeudi 12 juin 2025

Code noir : reconnaître l’histoire, réparer l’oubli, réconcilier la République

 

Code noir : reconnaître l’histoire, réparer l’oubli, réconcilier la République

Le mois de mai est un mois de mémoire, particulièrement fort pour les Outre-mer.
Les 10 et 23 mai derniers, nous avons marqué deux temps forts de notre mémoire nationale :
le 10 mai, Journée nationale des mémoires de la traite, de l’esclavage et de leurs abolitions,
et le 23 mai, Journée nationale en hommage aux victimes de l’esclavage en France.
Deux journées pour commémorer, transmettre, et refuser l’oubli.

Ces deux dates ne sont pas de simples repères dans le calendrier républicain.
Elles sont des piliers de notre histoire commune, trop souvent marginalisée, parfois minimisée.

En ce mois de mémoire, le Code noir, cette ordonnance de 1685 qui réglementait l’esclavage dans les colonies a refait irruption dans le débat national.

Le député Laurent Panifous, au nom de plusieurs élus d’Outre-mer, a interpellé le Premier ministre : pourquoi n’a-t-on jamais abrogé officiellement ce texte ?
La réponse de François Bayrou, au nom du gouvernement, a été digne, sobre, et forte. Il a reconnu que le Code noir n’avait pas été abrogé, qu’il l’ignorait, et qu’une loi allait être déposée pour réparer cet oubli historique.
Il l’a dit avec humilité. Et cette sincérité, je la salue.

Mais cette réparation, si elle vient tard, est nécessaire. Parce qu’on ne construit pas une République apaisée sur des oublis. Et encore moins sur des textes qui n’auraient jamais dû survivre symboliquement à l’abolition de 1848.

Je veux ici redire que l’abolition de l’esclavage n’a pas été un cadeau offert.
Elle a été conquise par la lutte. Arrachée par les esclaves eux-mêmes, par les insurrections, par la révolte, par le courage. Et relayée, défendue, portée par des voix comme celle de Victor Schoelcher, dont l’œuvre est aujourd’hui bien trop peu reconnue. Que sait-on de lui dans nos manuels scolaires ? Que transmet-on de son combat ?

Je ne suis pas de celles qui demandent vengeance. Je suis de celles qui demandent justice.

Je ne veux pas déboulonner des statues pour réécrire l’histoire.
Je veux qu’on regarde cette histoire en face, sans détours, sans tabous.
Ce n’est pas Colbert qu’il faut effacer, c’est l’oubli qu’il faut réparer. Ce sont les vérités qu’il faut nommer. Et ce sont les citoyens qu’il faut éduquer.

Car la mémoire n’est pas un repli. Elle est un acte d’engagement.
Et l’éducation est notre meilleur levier pour construire une République réconciliée, consciente d’elle-même, et plus forte de toutes ses mémoires.

En tant que femme politique ultramarine, et en tant que femme noire, je porte cette histoire double, africaine et ultramarine.
Et je continuerai à la faire vivre, non pas pour diviser, mais pour rassembler autour d’une mémoire partagée, juste et assumée.

 

Ramata TOURÉ
Élue à Sainte-Suzanne (La Réunion)
Présidente de la Délégation Outre-mer – Renaissance

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