Opinion Outre-Mer
16H30 - mercredi 11 juin 2025

Outre-mer : la mer gagne du terrain, l’urgence s’impose

 

Outre-mer : la mer gagne du terrain, l’urgence s’impose

Le constat s’impose partout dans les Outre-mer : la montée du niveau des océans menace des milliers de vies et d’habitations. De la Polynésie à Saint-Pierre-et-Miquelon, en passant par la Guadeloupe, la Martinique, Mayotte ou la Nouvelle-Calédonie, le recul des côtes devient une réalité tangible. Alors que le Forum mondial des îles s’est tenu à Nice en marge de la conférence des Nations unies sur les océans (UNOC 2025), les voix ultramarines alertent sur l’ampleur du désastre, et sur l’urgente nécessité d’agir.

En Guadeloupe, certains habitants ont déjà dû quitter leurs maisons, emportées par l’érosion ou suspendues au-dessus du vide. Plusieurs communes de l’île sont désormais considérées comme vulnérables face à la montée des eaux. La relocalisation des populations se heurte pourtant à des freins sociétaux, humains et administratifs. Quitter un lieu de vie enraciné dans plusieurs générations reste une rupture difficile, même lorsque la sécurité est en jeu.

En Nouvelle-Calédonie, la situation est encore plus critique : presque toutes les communes sont touchées par l’érosion côtière. Les élus locaux cherchent désormais à mobiliser des financements à l’échelle internationale pour faire face à ce bouleversement, dans un contexte politique tendu qui complique l’action publique.

En Polynésie, les effets de la montée des eaux ne prennent pas toujours la forme spectaculaire des submersions : la salinisation des nappes phréatiques dans les atolls du Tuamotu commence déjà à compromettre l’accès à l’eau potable. Des élus de Teahupoo et de Tautira rapportent des signes visibles sur le terrain, mais soulignent la difficulté à mobiliser la population face à un phénomène perçu comme diffus et inéluctable.

À Mayotte, les inquiétudes se cumulent. Le passage récent du cyclone Chido a laissé l’île exsangue, tandis qu’un affaissement du sol lié à un volcan sous-marin réactive les peurs. L’État a d’ailleurs annoncé le déplacement de l’aéroport de la Petite vers la Grande-Terre, en réponse à cette situation instable. Cette décision symbolise la gravité de la menace : la carte même du territoire se redessine sous l’effet du changement climatique.

En Martinique, la mémoire collective reste marquée par le cyclone Lenny, qui avait entraîné des relogements en urgence. Des programmes de relocalisation sont en cours, intégrant des matériaux traditionnels adaptés aux conditions climatiques. Mais sur le terrain, les acteurs locaux déplorent des lenteurs bureaucratiques qui freinent la mise en œuvre.

À Saint-Pierre-et-Miquelon, la commune de Miquelon entame un chantier de relocalisation inédit. Le plan de prévention des risques littoraux, perçu à l’époque comme un choc, devient aujourd’hui le fondement d’un projet structurant. Des habitations vont être rachetées, et de nouveaux résidents, jeunes pour la plupart, vont s’installer pour la première fois depuis une décennie.

L’exemple de Miquelon est scruté ailleurs comme un modèle possible d’adaptation. Mais il illustre aussi la charge émotionnelle et sociale de ces décisions. Derrière chaque relocalisation se cache un déracinement, et derrière chaque mètre de côte perdu, une part d’histoire collective qui s’efface.

À l’échelle mondiale, plus de 730 millions de personnes vivent sur des îles. Beaucoup sont confrontées au même dilemme : rester et risquer, ou partir et tout recommencer. Les Outre-mer français, en première ligne, rappellent que ce « drame humain », selon les termes des organisateurs, exige plus que des constats : il appelle des choix courageux et des moyens à la hauteur du défi.

 

Patrice Clech

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