
De gauche à droite : Christophe Giovannetti, Corinne Lepage, Anne Hidalgo.
Célébrée à Genève sous l’égide de l’ONU, la DDHu (la Déclaration Universelle des Droits de l’Humanité) entend s’affirmer comme un repère éthique global. Retour sur une journée dense, entre bilans, engagements et espoirs.
Le 13 mai 2025, le Palais des Nations à Genève a accueilli une cérémonie marquant les dix ans de la Déclaration Universelle des Droits de l’Humanité (DDHu). Lancée en 2015 sous l’impulsion de Corinne Lepage, ancienne ministre française de l’Environnement, cette déclaration se donne pour ambition d’élargir l’horizon des droits humains à la question climatique, à la responsabilité intergénérationnelle et à la préservation de la nature.
Dans un monde secoué par les bouleversements écologiques, les fractures sociales et les tensions géopolitiques, les organisateurs — l’Union Nations Federation (UNF) et l’Association des Amis de la DDHu — ont voulu faire de cet anniversaire un temps fort de mobilisation et de réflexion. Une ambition saluée par plus de 400 participants en présentiel, et 4 000 spectateurs connectés sur la chaîne UNFTV.
Une déclaration en quête d’ancrage
Ouvrant la conférence, Christophe Giovannetti, président de l’UNF, a insisté sur « l’impérieuse nécessité d’un langage commun face aux défis du XXIe siècle ». Corinne Lepage, quant à elle, a livré un discours à la fois solennel et visionnaire : « La DDHu n’est pas un supplément d’âme. Elle est la boussole dont l’humanité a besoin pour survivre au temps long. »
Tout au long de la journée, six tables rondes ont donné chair à cette ambition, en croisant regards institutionnels, associatifs, scientifiques et entrepreneuriaux. Parmi les intervenants de premier plan figuraient Anne Hidalgo, maire de Paris ; Bruno Fuchs, président de la Commission des Affaires étrangères à l’Assemblée nationale ; Chantal Mwavita, ministre des Droits humains de RDC ; et l’ancien Premier ministre Patrice Trovoada.
Les enjeux concrets sur la table
Parmi les thématiques abordées, certaines se sont imposées avec acuité : le rôle du sport comme vecteur de paix et de sensibilisation écologique (avec Peace and Sport et le champion olympique Cheick Cissé), les enjeux de santé publique (avec l’OMS et des experts internationaux), ou encore la question du droit international — posant le problème épineux de l’inscription de la DDHu dans des cadres juridiques contraignants.
Des figures du monde académique, telles que les professeurs Philippe Sands, Laurence Boisson de Chazournes ou Dominique Bourg, ont livré des analyses profondes sur l’évolution nécessaire du droit face aux nouvelles responsabilités de l’humanité envers elle-même.
Des récompenses pour ceux qui incarnent l’idéal
La journée a également été l’occasion de mettre en lumière les initiatives concrètes et les figures engagées. Plusieurs personnalités ont reçu le titre d’Ambassadeur de la DDHu : Bruno Fuchs, Sam Abu Ahmad, Cheick Cissé ou encore Jumana Abu Baker. La Médaille de la Paix de l’UNF a été remise à Michel Innocent Peya pour ses travaux sur la préservation du bassin du Congo, présenté comme le « deuxième poumon de la planète ».
Une portée encore symbolique, mais un élan prometteur
En définitive, cette conférence d’anniversaire n’était pas un simple rite commémoratif. Elle visait à faire de la DDHu un levier de transformation, au-delà des mots. Les 100 nouvelles signatures enregistrées à l’issue de la journée témoignent d’un intérêt croissant, notamment chez les jeunes, dont l’implication a été saluée à plusieurs reprises.
Mais un constat s’impose aussi avec lucidité : si la DDHu est riche en symboles, elle reste encore largement en marge des grands traités et des rapports de force internationaux. Sa diffusion dépendra de sa capacité à s’incarner localement, à inspirer les politiques publiques, à trouver des relais dans la société civile et le monde économique.
Une charte morale pour temps incertains
Dans un monde fracturé, où les tensions identitaires et les périls environnementaux se mêlent, la Déclaration Universelle des Droits de l’Humanité propose un cadre, un récit, une dignité partagée. Ni utopie, ni doctrine, elle est peut-être l’une des rares tentatives contemporaines de réenchanter l’idée de progrès commun.
Reste à savoir si l’Histoire retiendra ce texte comme une déclaration parmi d’autres, ou comme le prélude d’une refondation éthique globale.