
Il fut un temps – pas si lointain – où la lutte pour les droits des homosexuels s’inscrivait dans un mouvement de progrès, de dignité, d’humanité partagée. Un temps où la société française, dans sa sagesse et sa tolérance, s’unissait pour dépénaliser l’homosexualité, reconnaître l’amour entre personnes du même sexe, jusqu’à accorder le droit au mariage en 2013. Ces combats furent nobles, portés par une exigence d’égalité républicaine. Ils sont aujourd’hui trahis.
Car l’affiche de la prochaine Gay Pride parisienne – pardon, « Marche des fiertés » comme il faut dire désormais – ne célèbre plus l’amour, la liberté ou même la visibilité des homosexuels. Elle brandit les codes de la provocation queer, cette idéologie radicale qui se veut révolutionnaire, mais n’est que caricature et rejet des fondements même de notre civilisation : la différence des sexes, la biologie, la culture, la pudeur.
Les gays, les lesbiennes, les bisexuels, dans leur immense majorité, ne se reconnaissent pas dans ces excès et dans la dénaturation de la cause de l’égalité. Ils aspirent à vivre librement, sans être utilisés comme vecteurs d’une idéologie qui flirte avec le nihilisme. Mais qu’importe leur avis.
Désormais, c’est l’Internationale des minorités sexuelles les plus extrêmes – non binaires, asexuels, trans-queers, et autres identités indéfinissables – qui s’empare de la scène publique, confisquant la parole, imposant ses diktats, réécrivant l’histoire et les mots. Pire : ces groupes pactisent parfois, au nom d’un pseudo-antiracisme militant, avec ceux-là mêmes qui détestent le plus profondément les homosexuels : les islamistes et le combat politique de mouvements hostiles aux homoxexuels. Voir le drapeau palestinien sur l’affiche de la Marche des fiertés est un comble, alors que la haine des Palestiniens envers les personnes homosexuelles, en Cisjordanie comme avec le Hamas à Gaza, est connue.
Ce renversement idéologique, cette inversion des valeurs, constitue une menace civilisationnelle. Tocqueville craignait la tyrannie de la majorité ; en 2025, c’est celle des ultra-minorités qui s’installe, relayée par les médias, les réseaux sociaux, les universités. Bientôt les lois ? Une tyrannie qui impose sa novlangue, ses codes, ses tabous. Une tyrannie qui muselle la critique, ridiculise la nuance, et ostracise quiconque ose défendre une vision classique, humaniste, et apaisée de la société.
La culture gay, celle de Jean Cocteau, de Roland Barthes, de Pierre Bergé, n’a jamais été un rejet de la France, de son art de vivre, de sa langue, de son histoire. Elle était une richesse. Les queers d’aujourd’hui veulent l’effacer. Le combat des gays est devenu celui de la normalité contre l’excès, de la civilisation contre l’anomie.
La majorité silencieuse, y compris dans la communauté LGBT, n’a pas dit son dernier mot. Encore faut-il qu’elle se réveille.