Opinion Outre-Mer
14H15 - lundi 26 mai 2025

Samia Badat-Karam : « Paris, ultra-marin, se souvient et commémore l’abolition de l’esclavage »

 

De gauche à droite : Jérémy Redler, Hervé Mariton, Emmanuel Gordien, Samia Badat-Karam, Serge Romana, Guillaume Vuilletet, Francis Szpiner

Pour la première fois dans l’histoire du 16ème arrondissement de Paris, nous nous sommes rassemblés le 12 mai 2025 pour commémorer l’abolition de l’esclavage.

Ici, dans les jardins du Trocadéro, à l’endroit même où sera bientôt érigé le mémorial national en hommage aux victimes de l’esclavage. Ce lieu devient désormais un espace de mémoire, de reconnaissance et de dignité.

Je tiens à remercier très sincèrement le Maire du 16e arrondissement, Jérémy REDLER, ainsi que le Sénateur de Paris, Francis SZPINER, pour leur confiance. Grâce à eux, j’ai pu organiser cette commémoration ici, dans notre arrondissement, pour la première fois. Leur soutien est précieux et leur engagement pour faire vivre cette mémoire, essentiel.

Je veux également saluer tout particulièrement la présence de Monsieur Serge ROMANA, Président du Comité de pilotage du futur mémorial, dont la présence parmi nous est un symbole fort, ainsi que celle du Président du CM 98, Emmanuel GORDIEN.

Ils sont de ceux, qui, avec courage et constance, portent cette mémoire au cœur de la République et j’ai la chance d’avoir pu œuvrer, modestement, à leurs côtés, avec Patrick KARAM, notamment pour la reconnaissance d’une autre date importante, celle du 23 mai, dédiée aux victimes de l’esclavage.

Cette cérémonie, je la porte en moi avec une émotion particulière. Car je suis issue de ces territoires d’Outre-mer — ces terres qui, bien qu’éloignées géographiquement, sont intimement liées à l’histoire de France et à l’âme de notre République.

Aujourd’hui, je pense à tous les originaires des Outre-mer vivant à Paris, nombreux parmi nous ce matin, dont les racines croisent l’histoire douloureuse de l’esclavage, mais aussi la fierté, la résistance, la culture, la contribution à la République.

Paris est aussi ultramarin, dans ses rues, dans ses écoles, dans ses administrations, dans ses combats et dans ses espoirs.

Nous sommes ici pour rendre hommage aux millions de femmes, d’hommes et d’enfants qui ont subi l’injustice absolue de l’esclavage. Arrachés à leurs terres, réduits à l’état de biens meubles, vendus, battus, niés.

Et pourtant, porteurs d’une force, d’une dignité, d’un souffle que rien n’a pu éteindre.

Nous sommes leurs voix aujourd’hui.

Comme l’écrivait Aimé Césaire : “Ma bouche sera la bouche des malheurs qui n’ont point de bouche”.

Cette commémoration, nous la devons à leur mémoire. Mais aussi à la République, pour qu’elle soit fidèle à sa promesse d’égalité, de liberté, de fraternité.

Et je veux ici rappeler avec force, que c’est le Président Jacques CHIRAC qui a permis que cette mémoire entre pleinement dans notre récit national.

C’est lui qui, par la loi Taubira de 2001 et par son décret de 2006, a fait du 10 mai la date nationale de commémoration de l’abolition de l’esclavage, de la traite négrière et de leurs victimes.

Et dans son discours inaugural de 2006, il déclarait avec gravité : “La traite négrière, l’esclavage, sont des crimes contre l’humanité. Ils ont déshonoré l’humanité, y compris la nôtre. Il est temps de reconnaître cette vérité.”

Oui, c’est en reconnaissant cette vérité que l’on grandit.

Que la République devient plus forte.

Plus juste.

Plus unie.

Commémorer, ce n’est pas figer le passé. C’est faire œuvre de justice. C’est transmettre. C’est réparer.

Et comme le disait Édouard GLISSANT : “La mémoire est la présence invisible dans l’absence”.

Alors aujourd’hui, dans le 16e arrondissement de Paris, nous faisons place à cette mémoire.

Et nous faisons une promesse : celle de ne jamais oublier.

Pour conclure, je profite de la présence de nombreuses autorités aujourd’hui, Monsieur le Conseiller du Président de la République, Madame la Conseillère du Ministre des Outre-mer, Monsieur le co-président du mémorial, pour rappeler notre fierté, élus du 16ème, d’accueillir, très prochainement, au cœur de notre arrondissement, le mémorial national des victimes de l’esclavage.

Avec le Maire, avec le Sénateur, avec toute notre majorité municipale, nous nous réjouissons d’accueillir ce lieu d’Histoire et de mémoire dans le 16ème et nous vous donnons donc ici même, très bientôt je l’espère, pour inaugurer officiellement le Mémorial.

Vive la mémoire. Vive la justice. Vive la République. Vive la France.

 

Samia BADAT-KARAM

Première adjointe au Maire du 16ème arrondissement de Paris

Conseillère de Paris

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