Edito
11H02 - lundi 26 mai 2025

Cannes : une festivalière interdite de ruban jaune ! Un geste antisémite qui ne passe pas ! La chronique de Daniel Salvatore-Schiffer.

 

Rendre invisible, étouffée et muette, la douleur d’une survivante de l’abominable pogrom, de nature génocidaire, perpétré, le 7 octobre 2023, par les terroristes du Hamas à l’encontre des Juifs d’Israël : c’est là l’indigne geste, aussi scandaleux qu’éhonté, que la sécurité du Festival International du Cinéma de Cannes a eu ce samedi 24 mai 2025, peu avant la proclamation officielle de son palmarès, envers la jeune mais belle et discrète Mia Schem en lui interdisant d’arborer sur sa robe, à hauteur de poitrine, un ruban de couleur jaune, qui n’avait pourtant rien d’un message politique prenant ouvertement parti pour l’actuel Gouvernement israélien, mais seulement destiné à demander la libération des otages juifs encore cruellement retenus prisonniers, par le Hamas, dans les terribles tunnels de Gaza. Une interdiction, celle-là, d’autant plus incompréhensible, infâme et proprement révoltante, que cette même Mia Schem fut elle-même, souffrant pendant de longs mois le martyre dans cette même bande de Gaza, un des nombreux otages, précisément, de cet ignoble Hamas !

 

L’INDIGNATION SELECTIVE DU « DEUX POIDS, DEUX MESURES »  : QUAND UN ANTISEMITISME QUI NE DIT PAS SON NOM DEVIENT LA FORME LÂCHE ET BANCALE DE LA BONNE CONSCIENCE

D’où, urgente, cette interrogation : les Juifs, de nos jours comme autrefois, de sinistre mémoire, dans les sombres années trente, seraient-ils donc les seuls à travers le monde, et jusqu’au fameux tapis rouge de ce prestigieux festival du cinéma de Cannes donc, à ne pas pouvoir manifester publiquement leur humaine solidarité, leur fraternel soutien ou leur légitime compassion à l’égard des victimes, juives ou israéliennes qu’elles soient, contrairement aujourd’hui, par exemple, aux Palestiniens, Ukrainiens ou Iraniens (au regard desquels le grand Jafar Panahi vient par ailleurs d’être le très méritoire lauréat de la Palme d’Or pour son admirable film « Un simple accident », qui fera certainement pester de rage les ayatollahs enturbannés, mollahs barbus et autres fous d’Allah, de Téhéran) ?

Si oui, alors, la question, non moins nécessaire, se pose de manière criante : cette indignation sélective, cet injuste « deux poids, deux mesures », cette vile et bancale forme de bonne conscience, devenu aujourd’hui le piteux mais facile alibi moral d’une non moins déplorable pensée unique – celle de la gauche caviar, plus encore que radicale, dans le malheureux cas présent – ne seraient-ils donc, face à un tel, patent et suspect manque de courage, que le triste et fallacieux masque, à la tout aussi hideuse image d’un antisionisme inavoué, d’un antisémitisme qui s’ignore ou qui, pis tant il s’avère larvé ou inconscient, n’ose pas encore vraiment dire son nom, par lâcheté psychologique tout autant que conformisme médiatique ou compromission idéologique ?

 

POUR UN PETIT BOUT DE TISSU JAUNE : DE L’ETOILE AU RUBAN !

C’est, en tout cas, encore et toujours, dans l’épouvantable histoire de l’antisémitisme occidental et européen, une histoire de petit bout de tissu jaune : il est en effet pour le moins paradoxal que, si le nazisme ou le fascisme du passé obligeaient les Juifs à exhiber une étoile jaune, afin de mieux les stigmatiser et de les envoyer ensuite périr dans les camps d’extermination, c’est un ruban de même couleur jaune que l’on défend à présent à ces mêmes Juifs de porter, au cœur de cette prétendue « cathédrale du cinéma » qu’est le Festival de Cannes, en très humaniste signe d’indéfectible soutien à leurs frères et sœurs en persécution. L’obligation s’est certes inversée – de la visibilité de l’étoile jaune à l’invisibilité du ruban jaune – mais l’indignité est restée, toute honte bue, la même !

 

A L’ALARME CITOYENS, ENFANTS DES LUMIERES !

A vomir effectivement, tant ce type de réflexe comportemental n’est pas sans rappeler historiquement, certes toutes proportions gardées et sans vouloir bien entendu comparer ici l’incomparable, risquant ainsi de verser malencontreusement  dans un amalgame aux allures de révisionnisme de tout aussi mauvais aloi ! Mais enfin : il est néanmoins permis, face à un tel scandale aussi bien qu’à une telle ignominie, face même à une telle capitulation de la pensée devant les atrocités de l’islamisme le plus fanatique, de se poser légitimement, rationnellement, la question !

L’alerte, en tous cas, est ici lancée : à l’alarme citoyens, Juifs et non Juifs, si nous, fils et filles de Voltaire, voulons réellement, sincèrement, sauver encore ce qu’il nous reste de cette magistrale philosophie des Lumières, sans laquelle il n’est point de démocratie, de tolérance ou de liberté, qui vaillent ni ne tiennent à long terme !              

                  

Daniel Salvatore Schiffer

Philosophe, écrivain, auteur, notamment, de « La Philosophie d’Emmanuel Levinas – Métaphysique, esthétique, éthique » (PUF), « Lord Byron » (Gallimard-Folio Biographies), directeur des ouvrages collectifs « Penser Salman Rushdie » (Editions de l’Aube/Fondation Jean Jaurès), « Repenser le rôle de l’intellectuel » (Editions de l’Aube), « L’Humain au centre du monde – Pour un humanisme des temps présents et à venir » (Editions du Cerf). A paraître, sous sa direction toujours, « Critique de la déraison antisémite » (Editions Intervalles).

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