Edito
08H30 - dimanche 25 mai 2025

Argentine : Javier Milei face à la rue, qui va gagner le bras de fer ? L’édito de Michel Taube

 

Depuis son arrivée au pouvoir fin 2023, Javier Milei gouverne l’Argentine à coups de réformes radicales et de décrets chocs. Face à la gravité de la crise économique – inflation galopante, dette abyssale, pauvreté de masse – le président libertarien a engagé un programme de rigueur extrême. Mais en retour, il affronte une mobilisation sociale d’une ampleur inédite depuis des années.

En l’espace de quelques mois, deux grèves générales, des centaines de manifestations et d’innombrables blocages ont secoué le pays. Les syndicats, emmenés par la puissante CGT (nom du principal syndicat argentin), dénoncent une politique antisociale marquée par des coupes budgétaires massives dans les retraites, l’éducation, la santé et les services publics. Les manifestations, parfois violentes, reflètent une colère profonde dans une population déjà exsangue.

La riposte du gouvernement ne s’est pas fait attendre. Cette semaine, Javier Milei a signé un décret élargissant drastiquement la liste des « services essentiels », désormais soumis à un service minimum obligatoire entre 50 et 75 % en cas de grève. Outre les hôpitaux ou l’énergie, sont désormais concernés les transports, l’éducation, les télécommunications, l’administration fiscale, les ports et les aéroports. Objectif affiché : empêcher toute paralysie du pays. Le texte prévoit aussi des sanctions lourdes en cas de non-respect.

Pour les syndicats et l’opposition, cette réforme marque une atteinte grave au droit de grève, pourtant garanti par la Constitution. En réalité, Milei tente de reprendre la main après l’échec de son premier « méga-décret » de décembre 2023, censuré par les tribunaux. Cette fois, le texte a été discrètement publié dans le Journal Officiel, sans débat parlementaire.

Malgré les critiques, le président argentin continue de défendre une « thérapie de choc » qu’il juge nécessaire pour sauver l’économie. Et les premiers indicateurs semblent lui donner raison : la monnaie s’est stabilisée, les marchés sont rassurés, et la Banque centrale commence à reconstituer ses réserves. Mais à quel prix ? La récession est sévère, le pouvoir d’achat s’effondre, et la tension sociale ne faiblit pas.

Entre les exigences des créanciers internationaux, les attentes de la population et les résistances de la rue, Javier Milei joue une partie risquée. Pour l’instant, il tient bon. Mais combien de temps la rue argentine acceptera-t-elle ce tour de vis sans précédent ? Le bras de fer est loin d’être terminé. Et cette histoire ressemble de plus en plus à un mauvais polar qui pourrait s’appeler : « le peuple (enfin, l’élite du prolétariat) contre le pays »…

 

Michel Taube

Directeur de la publication

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