Edito
18H32 - samedi 24 mai 2025

Non, Monsieur Valls, la vie chère n’est pas la conséquence de l’esclavage et encore moins de sa mémoire ! L’édito de Michel Taube

 

Hier, le 23 mai 2025, dans les jardins du ministère des outre-mer à Paris, à l’occasion de l’une des nombreuses commémorations de l’abolition de l’esclavage en France, le ministre d’Etat a eu ces mots devant quelques journalistes, dont RCI et Opinion internationale :

« D’abord, il y a des conséquences toujours contemporaines. Je vous rappelle que dans le monde, il y a malheureusement encore de l’esclavage. Et puis, il y a en effet des traces, des traces dans la mémoire. C’est pour ça que l’histoire doit être transmise. Et puis, il y a des traces économiques aussi, dont la vie chère est une des conséquences. »

Comment le ministre des Outre-mer peut-il endosser cette mémoire – rétroviseur qui sème la discorde là où son devoir est de réconcilier ? Dire que l’esclavage conserve des traces opératives aujourd’hui, ajouter qu’elles sont économiques, c’est non seulement faux (nous y reviendrons), mais c’est jeter les acteurs économiques, bref les entreprises et bon nombre de leurs dirigeants, en pâture à la vindicte populiste. C’est postuler qu’en 2025 des colons oppresseraient encore des victimes de l’esclavage. C’est donner des munitions aux semeurs de haine. C’est lâcher des bombes à fragmentations qui vont raviver la violence et la haine de la France.

Le 25 février dernier en Nouvelle-Calédonie, Manuel Valls avait déjà mis en émoi les loyalistes calédoniens et bien au-delà tous les Ultra-marins attachés à la France : « il faut aller au bout du processus de décolonisation ». Le mois dernier, pour arracher coûte que coûte un accord, il avait accepté l’idée d’y proposer une indépendance – association.

Les Antilles n’avaient pas été épargnées : le 17 mars, le même Manuel Valls avait rencontré en Martinique le RPPRAC, cette organisation insurrectionnelle qui avait mis le feu à la Martinique en 2024 sous prétexte de vie chère, vociféré des propos et des actes de violence, de haine, et de racisme, demandant « l’autonomie totale » pour la Martinique.

@ratio.lemedia

Manuel Valls instrumentalise la mémoire de l’esclavage pour justifier les échecs de l’Etat sur la vie chère… #outremer #france #viechere

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Nous ne soupçonnions pas à quel point il y avait deux Valls, le socialiste (que nous croyions enterré) et le libéral régalien que nous pensions arrivé rue Oudinot. En fait, nous avons eu bien tort : il n’y a plus qu’un Valls et ce n’est pas le bon !

En revanche, là où nous craignons de ne pas nous être trompés, c’est dans l’approche de la vie chère que défend Monsieur Valls : nous l’accusions en mars de préparer un projet de loi sur la vie chère d’inspiration dirigiste et reposant sur trop de soupçons à l’égard des entreprises, dont il avait accusé certaines d’entre elles d’étouffer l’économie des Outre-mer.

En fait, le ministre d’Etat s’en rend-il compte ? Avec ces petites phrases assassines, il ne cesse de faire le jeu des indépendantistes qui, en France (ils y sont pourtant ultra-minoritaires) et à l’international (les non-alignés du Sud global, emmenés par l’Azerbaïdjan, se délecteront de ces petites phrases), veulent détacher les Outre-mer de la France.

Nous allons finir par croire que, pour 2027 (« je ne peux pas me désintéresser de 2027 », vient-il de confier au Parisien), Manuel Valls sera le candidat des indépendantistes !

 

Michel Taube

Directeur de la publication