Edito
08H03 - vendredi 23 mai 2025

Immigration : une liste des métiers sous tension aussi déconnectée que l’État ! L’édito de Michel Taube

 

On attendait un outil pragmatique, on récolte un document hors sol. Ce 22 mai 2025, l’administration française a publié sa fameuse liste des métiers en tension, censée permettre la régularisation de certains étrangers en situation irrégulière, à condition notamment qu’ils exercent un métier ciblé dans une zone géographique donnée. Et comme souvent, le réel s’est heurté à l’abstraction technocratique.

Le résultat est à la fois ubuesque et révélateur : à Paris comme à Brive-la-Gaillarde, on peut être régularisé si l’on est cuisinier… mais pas si l’on est plongeur. Comme si un restaurant tournait sans lave-vaisselle, sans commis, sans personnel de l’ombre. Le même paradoxe se retrouve dans des dizaines d’autres métiers. Les critères ? Flous. La méthode ? Obscure. Les arbitrages ? Incompréhensibles.

À grand renfort de citations ministérielles bien calibrées, Catherine Vautrin et Astrid Panosyan-Bouvet nous vantent un processus « nourri du dialogue social » et des « réalités locales du marché du travail ». Quelle réalité ? Celle du cabinet climatisé, pas celle de l’entreprise qui cherche désespérément à recruter. On prétend concilier immigration maîtrisée et intégration par l’emploi, mais en excluant nombre de professions vitales qui peinent à embaucher. C’est comme si l’État s’était assis à la table… sans jamais ouvrir la carte.

Il ne revient pas à l’administration de décider quels métiers sont utiles ou non, encore moins de produire ces listes hors sol qui figent l’économie dans une logique bureaucratique inefficace. Ce sont les professionnels eux-mêmes, dans chaque filière, chaque région, chaque territoire, qui doivent établir et actualiser les besoins réels. 

La solution ? Une immigration 100 % choisie, 100 % utile, 100 % pilotée par le terrain quant aux besoins et par les préfets pour les enjeux régaliens et éviter que des OQTF, des délinquants voire des criminels, des précheurs de haine ne soient régularisés sous prétexte de besoins économiques.

On ne peut plus tolérer que la France régularise à l’aveugle tout en prétendant faire de l’immigration choisie. Ce pays a besoin de main-d’œuvre, oui, mais selon ses besoins réels, pas ceux dictés par un logiciel Excel à Matignon. 

Vous verrez, bientôt on régularisera des cuisiniers sans restaurants et on renverra des boulangers dont les fournils crient pourtant misère.

Il est temps de passer de l’hypocrisie à l’efficacité.

 

Michel Taube

Directeur de la publication