En plein cœur de Basse-Terre, une opération coup de poing des douanes a bouleversé le marché noir du jouet en Guadeloupe. Ce lundi, les agents ont investi des locaux professionnels et, derrière des étagères anodines, ont mis la main sur 28 653 jouets contrefaits — peluches griffées sans licence, figurines usurpant des héros populaires et paquets de cartes à jouer pirates. Une véritable ménagerie de faux, prête à inonder les étals, dérobée au nez et à la barbe des petits acheteurs et de leurs parents, toujours avides de bonnes affaires.
Mais la contrebande ne s’est pas arrêtée aux simples jouets. Les douaniers ont également saisi 2 064 unités de produits interdits à la vente : des baumes « Tiger Menthol » et des pommades « Scorpion », détournés en provenance directe d’Asie, sans contrôle sanitaire ni étiquetage conforme. Ces onguents, vantés sur les réseaux comme remèdes miracles, sont loin d’être anodins : concentrations toxiques, composants non déclarés, risques de brûlures cutanées et d’allergies sévères sont à craindre, surtout chez les enfants.
« Ces articles interdits représentent un danger réel pour nos consommateurs les plus vulnérables », a alerté la préfecture dans son communiqué. Derrière chaque peluche se cache un jouet potentiellement mortel, chaque pot de pommade un risque d’intoxication.
Derrière l’opération se cache un travail de longue haleine. Depuis plusieurs mois, la brigade des douanes de Basse-Terre traque les filières clandestines qui importent de Guadeloupe des cargaisons de jouets et de cosmétiques contrefaits. Dans un entrepôt sous surveillance, la perquisition a révélé l’ampleur du phénomène : plusieurs palettes prêtes à être écoulées dans les foires, sur les marchés de rue et même par petites annonces en ligne.
Au petit matin, les officiers ont photographié chaque emballage usurpant des logos déposés, amassé les boîtes de jeux sans licence, puis condamné le tout à la destruction. Tout a été saisi « pour éviter une mise sur le marché qui aurait exposé des dizaines de milliers d’enfants à des jouets non conformes et des parents à un tribut sanitaire », précise la douane.
Cette récolte record suscite deux questions : pourquoi tant d’impostures ? Et comment enrayer cette invasion de contrefaçons ? Les douanes pointent du doigt la juxtaposition de failles douanières et de besoins de jouets à bas prix, souvent saisonniers et importés sans facturation ni déclaration. Les passeurs s’engouffrent dans la brèche, misant sur l’appât du gain et la naïveté des consommateurs.
Face au constat, la préfecture appelle à la vigilance : vérifier les étiquettes, refuser les produits non labellisés, signaler toute suspicion aux services de répression des fraudes. Elle promet aussi un renforcement des contrôles — en mer comme dans les entrepôts — et des campagnes d’information ciblées avant la prochaine rentrée scolaire.
Au-delà des jouets, le coup porté aux baumes « Tiger Menthol » et pommades « Scorpion » rappelle la dérive des produits de santé détournés. Sans encadrement, ces remèdes exotiques peuvent transformer une simple piqûre d’insecte en urgence médicale.
Cette saga guadeloupéenne démontre une fois de plus que la lutte contre la contrefaçon n’est pas qu’un enjeu économique : c’est d’abord une question de santé publique et de sécurité des familles. À l’approche des fêtes, mieux vaut offrir des jouets certifiés que de mettre en danger ceux qu’on aime le plus.
Patrice Clech