Ne nous bernons pas avec la grandeur de la France. Il suffit de franchir n’importe quelle frontière de l’hexagone pour comprendre que la « Grande Nation » de naguère n’est qu’une puissance moyenne, à laquelle le siège de membre permanent au Conseil de sécurité de l’ONU confère un vestige de puissance et de respectabilité.
Mais la grandeur de la France tient beaucoup à ses territoires et à leur présence sur tous les océans.
Nous disions « l’hexagone », comme réalité territoriale. La grandeur est effectivement d’abord une donnée physique, géographique. La Russie, avec son PIB inférieur au nôtre est un pays immense. Même si ses nombreux missiles nucléaires capables d’anéantir toute vie sur terre (Russie comprise) y contribuent, sa grandeur résulte principalement de son territoire. Évidemment, le prestige de l’histoire, le rayonnement culturel, la puissance de l’économie sont autant de vecteurs de grandeur. Mais sur nombres d’entre eux, notre grandeur appartient pour beaucoup au passé. Paris en est un merveilleux reflet, celui d’une monarchie puis d’un empire triomphants. Une ville musée, à l’instar de Londres et bien sûr de Rome.
Nous disions donc hexagone, mais la France n’est pas seulement métropolitaine. Nous disions territoire, mais la grandeur, la puissance, l’influence, la richesse, le prestige, la langue ne s’expriment pas uniquement sur la terre ferme. Grâce à ses territoires ultramarins, la France jouit du second plus grand espace maritime du monde. C’est un don de l’histoire que nous devons préserver, entretenir, choyer. Hors des frontières de l’hexagone, nous sommes vus comme petits. Aux frontières de notre espace maritime, nous sommes encore considérés comme une puissance qui compte sur l’échiquier planétaire.
Certains s’interrogent sur le coût de cet « empire » dans un contexte budgétaire tendu. Ils raisonnent en comptable à l’horizon du prochain budget. Sans ses territoires d’Outre-mer et l’espace maritime qui les accompagnent, la France, avec moins de 1% de la population mondiale, ne serait plus qu’un nain.
Plus qu’à son siège au Conseil de sécurité et sa force de dissuasion nucléaire, la grandeur actuelle de la France et la pérennité de cette grandeur doivent beaucoup aux Outre-mer. La France a une dette perpétuelle envers ces territoires et bien-sûr envers leurs habitants. Une dette et une responsabilité. Celle de les considérer pleinement Français, sans aucune réserve ni hésitation.