Le procès pour détournements de fonds publics et favoritisme au sein d’Odyssi, la régie municipale de distribution d’eau potable du centre Martinique, s’est poursuivi lundi 19 mai devant le tribunal correctionnel délocalisé à la cour d’appel. Alors que sept anciens responsables comparaissent pour des marchés publics passés entre 2011 et 2016 — dix à quinze d’entre eux mis en cause pour un préjudice estimé à près de 4 millions d’euros —, l’ancien directeur général de l’époque, principal suspect, était notablement absent de l’audience.
La matinée a été consacrée à l’audition de deux prévenus, dont l’ancien directeur de la clientèle, dans un dossier que la justice décrit comme « particulièrement complexe ». Les débats ont notamment porté sur les procédures de mise en concurrence et des versements litigieux, comme ce chèque de 8 000 € reçu par l’ancien directeur général, M. Jean-Max Coranson Beaudu, de la part d’une entreprise de travaux publics. Son rôle est central : c’est lui, selon les parties civiles, qui aurait orchestré les attributions de services à des sociétés « privilégiées », en échange d’avantages financiers.
À la reprise de l’audience, vers 14 h 30, les conseils d’Odyssi et de la Communauté d’Agglomération du Centre de Martinique (CACEM) ont détaillé leurs demandes indemnitaires. Me Mathieu Hénon, représentant Odyssi, a réclamé 5 millions d’euros au total : 2,4 M€ pour le préjudice d’image subi par la société et 2,6 M€ au titre de prestations facturées mais jamais exécutées. Sa consœur, Me Muriel Renard-Legrand, défendant la CACEM, a souligné le « préjudice moral » causé à l’autorité politique qui définit la politique de l’eau, en raison de « l’ampleur, de la durée et du montant des infractions ».
L’absence de M. Coranson Beaudu, aujourd’hui mis en examen pour corruption passive et active, prise illégale d’intérêts et favoritisme, a été plusieurs fois pointée par le président du tribunal et les avocats des parties civiles. Le principal mis en cause n’avait pas émis la moindre justification pour sa non-comparution.
Le procès se conclura mardi 20 mai avec les plaidoiries des avocats de la défense. Dernière étape avant un jugement attendu, qui devra trancher sur la responsabilité de chacun et sur l’octroi des indemnisations réclamées pour réparer un dossier jugé l’un des plus graves de ces dernières années dans le secteur public martiniquais.