Le calme de la nuit a de nouveau été brisé à Fort-de-France : vers 2 h 47 ce dimanche 18 mai, les forces de l’ordre ont découvert, à l’entrée de la résidence La Kay, à Châteaubœuf, le corps d’un homme d’une trentaine d’années criblé d’une quinzaine de projectiles. Malgré l’arrivée rapide des pompiers, aucun signe de vie n’a été détecté, tant la victime portait les stigmates d’une exécution concertée.
Cet homicide porte à treize le nombre de personnes tuées depuis janvier en Martinique, dont dix par arme à feu. Moins d’une semaine après la fusillade de la rue Ernest-Deproge, qui avait coûté la vie à trois jeunes hommes, cette nouvelle tragédie confirme l’emballement de la violence armée dans l’hypercentre. Pour les habitants, chaque gouttelette de sang ajoute une alarme supplémentaire à un climat déjà lourd de tension et d’inquiétude.
Dès l’aube, la population a répondu par un élan de solidarité et de colère : deux marches blanches se sont déroulées ce dimanche, l’une en mémoire des victimes de la rue Ernest-Deproge, l’autre pour exprimer un ras-le-bol général face à la banalisation des règlements de compte. Vêtus de blanc et silencieux, plusieurs centaines de participants ont arpenté les rues foyalaises, réclamant plus d’efficacité des dispositifs de sécurité et un véritable plan de lutte contre le trafic d’armes.
Les autorités, pour leur part, multiplient les annonces : renforcement des patrouilles dans l’hypercentre, contrôles systématiques aux points d’entrée de l’agglomération, déploiement de gendarmes mobiles les week-ends, et accélération des installations de caméras de vidéosurveillance. Mais pour les Martiniquais, las des discours, il importe surtout de voir ces promesses se traduire rapidement par des actes concrets susceptibles de briser la spirale meurtrière.
À Châteaubœuf comme ailleurs, le sentiment est le même : l’heure n’est plus aux explications politiques, mais à la protection quotidienne des familles et au retour de la tranquillité. Chaque pas silencieux de ces marches blanches résonne comme un appel à la paix, un cri d’alarme pour que cesse enfin l’hémorragie des vies fauchées trop tôt, et que Fort-de-France retrouve sa quiétude.