Selon un courrier commun adressé début mai au directeur de l’Agence régionale de santé (ARS) de Guyane et au ministre de la Santé, les syndicats Unsa, FO, CGT et CFE-CGC estiment subir un « climat de tension, d’inquiétude et de mal-être » depuis la prise de fonction de Laurent Bien en novembre dernier. Force Ouvrière y dénonce un « harcèlement moral institutionnel » qu’elle attribue à un « management autoritaire et brutal » assorti d’un « déni complet du dialogue social ».
Corinne Clamecy, représentante FO au sein de l’ARS, précise que le directeur général n’est plus physiquement présent sur le territoire depuis avril et n’a pas répondu aux multiples sollicitations syndicales. Elle affirme que les agents, autrefois accueillis par des sourires, restent désormais reclus dans leurs bureaux, contraints au silence par la crainte d’être « disqualifiés » ou mis en cause pour avoir tenté d’alerter.
Face à l’absence de réaction de la direction, FO a réclamé la réalisation d’un audit externe, auquel elle raconte que l’agresseur présumé a tenté de faire porter la responsabilité sur un agent lanceur d’alerte. D’autres personnels ont osé saisir les syndicats, mais beaucoup craignent de s’exprimer à leur tour.
Le courrier intersyndical rappelle que des situations similaires ont été rapportées lors des précédentes affectations de M. Bien : l’ancienne adjointe du Centre hospitalier de l’Ouest à la Réunion en a témoigné dans son ouvrage Réversibilité et une mobilisation en septembre 2024 à Wallis-et-Futuna avait déjà appelé à sa démission.
Le gouvernement de la Nouvelle-Calédonie n’est pour l’instant pas intervenu dans cette affaire, mais l’intersyndicale exige que l’État prenne ses responsabilités, que la situation soit évaluée objectivement, que les agents soient protégés et que soit remis en place un pilotage « digne et efficace » de l’ARS Guyane.
La direction de l’ARS Guyane a indiqué se trouver actuellement hors du territoire et se réserve un droit de réponse, tandis que le ministère de la Santé n’a pas encore réagi officiellement à cette alerte.
Patrice Clech