Le hasard d’un contrôle routier s’est transformé en coup de filet spectaculaire dans la lutte contre les trafics de drogue. Ce week-end à Grigny, dans l’Essonne, une femme d’une quarantaine d’années a été arrêtée alors qu’elle transportait près de 40 kilos de cocaïne soigneusement dissimulés dans ses valises. Elle venait tout juste d’être récupérée par un chauffeur VTC à sa sortie de l’aéroport d’Orly, après un vol en provenance de la Martinique. Une infraction banale au code de la route a suffi pour faire basculer le destin de cette passagère.
La scène se déroule à Juvisy-sur-Orge. La brigade anticriminalité locale contrôle un véhicule pour usage du téléphone au volant. À peine le coffre est-il ouvert que les policiers sont frappés par une odeur puissante de détergent, un subterfuge fréquemment utilisé pour masquer les effluves caractéristiques de la cocaïne. Les agents décident alors d’inspecter minutieusement le contenu du véhicule. Trois valises sont extraites : à l’intérieur, une trentaine de pains de cocaïne, soigneusement emballés, pour un poids total avoisinant les 40 kilos. Sur le marché illicite, la marchandise aurait pu rapporter entre deux et trois millions d’euros.
La passagère, interpellée sur place, ne tarde pas à passer aux aveux. En garde à vue, elle explique avoir été approchée en région parisienne pour effectuer une mission bien huilée : un aller-retour express en Martinique afin de récupérer la drogue, moyennant une rémunération d’environ 8 000 euros. Elle reconnaît avoir agi seule, sans impliquer son chauffeur. Ce dernier, qui ne semblait pas au courant de la nature du chargement, a été mis hors de cause et rapidement relâché.
Le profil de la suspecte correspond en tout point à celui, désormais bien connu, des mules utilisées par les réseaux de narcotrafic entre les Antilles ou la Guyane et l’Hexagone. Recrutées dans les quartiers populaires ou en situation de grande précarité, ces femmes — et parfois ces hommes — acceptent de convoyer plusieurs dizaines de kilos de drogue pour quelques milliers d’euros. Un risque colossal, pour un gain dérisoire.
La Division de la criminalité organisée de l’Essonne a été saisie de l’affaire. Les enquêteurs s’emploient désormais à remonter la filière. Qui sont les commanditaires ? Où la drogue a-t-elle été récupérée exactement ? Quels relais assurent la logistique entre les départements ultramarins et les plaques tournantes de la drogue en Île-de-France ? Autant de questions auxquelles les auditions devront répondre dans les jours à venir.
La suspecte devait être présentée ce mercredi devant un magistrat, en vue de sa mise en examen. Si la suite de l’enquête le confirme, elle pourrait n’être qu’un maillon parmi d’autres d’un trafic transatlantique bien organisé. Un énième rappel, s’il en fallait, que les routes de la cocaïne entre les Outre-mer et la métropole continuent de faire l’objet d’une surveillance policière renforcée, mais que les réseaux n’ont pas renoncé à exploiter la misère pour faire passer leurs cargaisons.