Opinion Outre-Mer
11H31 - mardi 13 mai 2025

13-Mai : drapeaux du FLNKS hissés, mémoire à vif et tensions ravivées

 

Un an après les émeutes du 13 mai 2024, plusieurs communes de la Nouvelle-Calédonie ont vu se hisser les drapeaux du FLNKS pour commémorer les victimes de la crise. Cette initiative a été organisée par les relais de la Cellule de coordination des actions de terrain, qui ont rassemblé militants et sympathisants à Saint-Louis, Yaté, Houaïlou et, dès 6 heures, à Kumo, sur l’île de Lifou. Selon les organisateurs, ce rond-point de la tribu, désormais lieu de mémoire, a accueilli députés et élus autour d’un petit-déjeuner d’accueil, avant que Davy Rimane (député de Guyane et président de la délégation aux outre-mers), Emmanuel Tjibaou et Philippe Gosselin ne déposent une gerbe en hommage aux « martyrs de la Kanaky ».

Dans son point de situation, le haut-commissariat a indiqué avoir recensé vingt-huit rassemblements à travers le territoire, rassemblant environ mille personnes au plus fort de la journée, dont moins d’une dizaine ont perduré en soirée hors de Nouméa. Selon ses services, la journée s’est déroulée sans incident notable, à l’exception de quatre bus du réseau SMTU caillassés à la tombée de la nuit dans différents secteurs de l’agglomération.

Sur les réseaux sociaux, plusieurs témoins ont dénoncé l’interdiction qui leur aurait été faite d’installer des drapeaux du FLNKS sur des bâtiments publics. Ils ont affirmé que les forces de sécurité les avaient empêchés de hisser ces oriflammes sur la voie publique. Le haut-commissariat a précisé que les drapeaux saisis l’avaient été « conformément à l’arrêté interdisant toute manifestation revendicative du 12 au 15 mai dans le Grand Nouméa », l’estrade publique étant considérée comme un espace de manifestation collective. Il a précisé que ces drapeaux seraient restitués à leurs propriétaires à l’issue de la période d’interdiction.

Le bilan humain rappelé à juste titre par le procureur de la République soulignait, par ailleurs, que quatorze personnes avaient trouvé la mort par arme à feu entre le 15 mai et le 19 septembre 2024 : douze civils, en majorité Kanak, et deux gendarmes mobiles en détachement. Le souvenir de ces victimes a été placé au cœur des commémorations, nourrissant à la fois la solidarité des participants et le débat sur le sens du 13 mai dans l’histoire calédonienne.

À l’issue de la journée, les autorités ont estimé que la relative accalmie observée montrait la maturité du « devoir de mémoire », tout en rappelant que la simple levée d’un drapeau peut, dans ce contexte, raviver des blessures encore vives et exiger la vigilance des pouvoirs publics. Les organisateurs ont quant à eux jugé essentiel de maintenir cet équilibre entre hommage aux disparus et respect du cadre légal, afin que le 13 mai demeure une date de souvenir plutôt que d’affrontement.

 

Patrice Clech

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