Quand les politiques jettent l’éponge, ils dégainent l’arme absolue : le référendum. Faute de majorité, faute de courage, et parfois faute de cap. François Bayrou, Premier ministre sans majorité mais plein de bonne volonté, a donc envisagé de consulter les Français sur un « plan de redressement » des finances publiques. Un choc budgétaire ? Peut-être. Une manœuvre de diversion ? Certainement.
Emmanuel Macron aura le dernier mot demain en annonçant s’il consulte prochainement les Français et sur quels sujets de diversion ou d’importance stratégique…
L’idée peut séduire les naïfs : redonner la parole au peuple sur un enjeu fondamental, celui du destin budgétaire de la Nation. Mais c’est oublier une vérité politique vieille comme la Ve République : dans un référendum, le peuple ne répond jamais à la question posée, mais à celui qui la lui pose. L’histoire l’a démontré : c’est toujours l’exécutif qui est jugé, non la réforme. En d’autres termes, Bayrou prend le risque d’un camouflet politique en bonne et due forme, qui enterrerait toute réforme d’envergure, et signerait la défaite d’une raison budgétaire devenue inaudible.
Mais il y a pire. Les Français, « shootés » à la dépense publique depuis des décennies – merci les 35 heures, la retraite à 60 ans, les aides à gogo et la culture de la gratuité –, peuvent-ils décemment accepter par référendum ce qu’ils refusent déjà dans la rue ou dans les sondages : le retour à la rigueur, la fin des déficits, un effort collectif pour redresser les comptes ? Rien n’est moins sûr. Et ce n’est pas l’inflation des normes et l’explosion des dépenses sociales, amplifiées par la bobologie, qui les rendront plus responsables.
Ce recours au référendum, sous couvert de démocratie directe, est en réalité un aveu d’échec. Un écran de fumée pour dissimuler l’absence de majorité et de volonté politique. Gouverner, c’est choisir, pas faire voter les autres à sa place. Sur les retraites, sur l’immigration, sur les déficits, les élus de la République doivent prendre leurs responsabilités. Sinon, à quoi servent-ils ?
Michel Barnier en appelé au courage : il en a été remercié en décembre dernier par une motion de censure du RN, de LFI et du PS, alliés par pure démagogie. L’histoire va-t-elle se répéter ?
Le budget 2026 se prépare déjà, la facture grossit, et les agences de notation observent. À force de ne plus rien décider, la France risque surtout de se mettre dans cette terrible position que d’autres – les marchés, les créanciers, le FMI – décideront à sa place.
Alors, de grâce, pas un référendum. Juste du courage. Le vrai.
Michel Taube