Opinion Outre-Mer
17H08 - lundi 12 mai 2025

Garance (La Réunion) : le courant renaît deux mois après le chaos

 

Le 28 février, le cyclone Garance a balayé La Réunion en détruisant 21 pylônes haute tension et en asphyxiant la centrale hydroélectrique de la Rivière de l’Est. Impossible depuis d’injecter son énergie verte dans un réseau déjà fragilisé : un coup de massue pour les soirées plongées dans l’obscurité et pour un bilan carbone qui virait à la farce.

Deux mois plus tard, EDF Réunion annonce avoir rétabli, de façon provisoire, deux lignes haute tension : la production pilotable de la centrale hydraulique coule à nouveau dans les câbles. Comment ? En mobilisant en un temps record les équipes locales, les renforts de RTE venus de métropole et un Super-Puma héliporté, pour dresser des pylônes de fortune là où le vent les avait balayés.

Parallèlement, la prise d’eau de l’aménagement hydraulique a été remise en état grâce à huit semaines intenses de travaux : barges, pelleteuses et colis héliportés ont permis de restaurer captage et protections, au cœur d’une gorge boueuse. « Jamais en 50 ans, un cyclone n’avait autant dévasté notre système électrique », reconnaît EDF Réunion, qui évoque « des moyens exceptionnels » pour sortir de l’impasse.

Résultat : la Rivière de l’Est alimente de nouveau le réseau, offrant cette précieuse électricité renouvelable à la pointe du soir, quand la facture énergétique flambe. Un soulagement pour les foyers et pour la planète, mais gare à l’illusion : ces lignes provisoires, construites à la hâte, seront remplacées d’ici deux ans par des structures définitives et consolidées. La 1ère

En attendant la grande reconstruction, le réseau reste sous tension – au sens propre comme au figuré. Pour sécuriser les chantiers, EDF prévoit des coupures localisées du 12 au 22 mai, de Saint-André à Le Port, en passant par Saint-Denis, Le Tampon, Sainte-Suzanne (le 14 mai de 9h30 à 13h30) et Bras-Panon (le 16 mai de 13h à 15h). Autant de parenthèses forcées pour garantir qu’aucun câble ne s’effondre à nouveau lors du prochain fort coup de vent.

Ce répit provisoire ne cache pas l’ampleur du défi : consolider un réseau à répétition malmené, tout en poursuivant la transition énergétique. La centrale de la Rivière de l’Est prouve qu’elle peut rester le pilier d’une électricité pilotable et durable, à condition que chaque pylône soit remplacé pierre par pierre — ou plutôt mètre par mètre de câble.

Garance a rappelé la vulnérabilité des infrastructures ultramarines face aux extrêmes climatiques. La réaction d’EDF et de RTE, héliportée et frénétique, a évité la panne sèche généralisée. Mais la vraie victoire sera de sortir de cet état d’urgence et de doter La Réunion d’un réseau aussi résilient que ses crêtes volcaniques. Et ça, ça prendra deux ans.

 

La Rédaction d’Opinion Internationale

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