Opinion Outre-Mer
16H55 - lundi 12 mai 2025

Apatou (Guyane) encore ciblée : la petite commune flétrie par le vandalisme

 

À Apatou, la quiétude se fissure : depuis plusieurs mois, les actes de vandalisme se sont mués en véritable fléau, entre vols, cambriolages et dégradations coûteuses. Lundi, le maire Edwin Moïse a décidé de briser le silence, convoquant la presse pour dresser un inventaire alarmant : véhicules municipaux dérobés, statues mutilées, 72 lampadaires vidés de leurs câbles, pour un préjudice global qui frôle les 100 000 €, selon La 1ère Guyane

Au cœur de la ville, les ruelles autrefois paisibles portent désormais la trace de ces incursions : les bornes électriques éventrées, les projecteurs publics arrachés à la nuit, les œuvres commémoratives lacérées. « C’est notre mémoire collective qu’on pille », fulmine le maire. Dans une commune de 10 000 âmes, protégée par un seul policier municipal et six gendarmes, chaque vol pèse lourd : équipement de secours contraint, éclairage de rue réduit, budget communal grignoté. Edwin Moïse ne cache pas sa colère : « Ces actes ne sont pas l’œuvre de gamins en manque de bêtises ; ils relèvent d’une logique délibérée », tonne-t-il, évoquant à demi-mot une « manœuvre de l’opposition » pour déstabiliser l’équipe en place à neuf mois des municipales. Selon plusieurs habitants, qui ont sollicité l’anonymat, certains soupçonnent déjà des motivations politiciennes derrière ces saccages répétés. France-Guyane

Pourtant, derrière cet angle géopolitique, émergent des besoins concrets : réparer, remplacer, sécuriser. Le maire a annoncé trois leviers d’action : d’abord, la pose rapide de caméras de vidéosurveillance aux points stratégiques ; ensuite, la multiplication de patrouilles visibles, en journée comme de nuit ; enfin, une « mobilisation générale » des citoyens pour veiller sur leur quartier. À chaque infraction, la municipalité promet le dépôt systématique de plainte et le suivi judiciaire le plus rigoureux possible.

Sur le terrain, les artisans locaux peinent à colmater les brèches : le soudeur relance le démontage des mâts, l’électricien retend les câbles, l’agent des espaces verts grise la statuaire restaurée. « Quand on répare, on a peur de revenir le lendemain pour tout retoucher », confie l’un d’eux. Cette défiance gagne peu à peu la population : chacun redoute la prochaine nuit blanche où l’on viendra faucher ou saccager.

La facture, elle, grimpe : près de 100 000 € déjà engagés, soit 5 % du budget annuel voté pour l’entretien communal. Dans une « petite » collectivité, cela revient à sacrifier d’autres postes – écoles, voirie, aide aux associations – pour éponger la saignée. « On ne peut pas tout financer, tempère le trésorier municipal : chaque euro volé est un euro de moins pour nos quartiers ». L’opposition, contactée, botte en touche : « Nous prenons note, mais préférons organiser notre réponse avant de commenter », répond son porte-parole. Cette tension larvée fait craindre un engrenage : crime politique ou simple délinquance opportuniste ? Dans les deux cas, Apatou paie le prix fort.

À dix mois du prochain scrutin, le conseil municipal joue gros : la lutte contre le vandalisme est devenue le marqueur de la gouvernance locale. Reste à voir si les caméras et les rondes suffiront à dissuader ces pilleurs d’émotion – et si, au-delà des grands mots, la solidarité citoyenne saura reprendre le dessus sur le chaos.

 

La Rédaction d’Opinion Internationale

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