Edito
14H45 - vendredi 9 mai 2025

“Le mal ne gagnera pas !” selon le nouveau pape Léon XIV. Mais quel mal, au fait ? L’édito de Michel Taube

 

Léon XIV pape le mal

Le 8 mai 2025, tandis que l’Europe commémorait la victoire contre le nazisme, l’Église catholique choisissait son nouveau chef spirituel. Premier pape américain de l’histoire, Robert Francis Prevost, devenu Léon XIV, a prononcé ces mots lourds de sens : « Le mal ne gagnera pas. » À peine élu, déjà prophétique. 

Si François a été le premier pape sud-américain, nous pourrons dire que Léon XIV est le premier pape des Amériques, nord et sud confondues : né à Chicago d’un père franco-italien et d’une mère espagnole, citoyen péruvien de cœur après des années de mission à Chiclayo, Léon XIV incarne une catholicité véritablement mondiale. Évêque en Amérique latine, puis haut responsable de la Curie romaine chargé des évêques, sous François, il n’est pas de ceux qui cherchent le confort des dorures vaticanes. Son auguste prédécesseur, pape des pauvres et des exclus, peut reposer en paix : Léon XIV devrait poursuivre son œuvre. Le choix de son nom est plein de sens : à la fin du XIXème siècle, Léon XIII avait fait entrer l’Eglise dans une approche volontariste de la question sociale.

Donald Trump, qui s’est félciité qu’un Américain soit élu pape, pourrait vite déchanter : lors de sa propre investiture le 20 janvier dernier, Donald Trump avait déjà été froidement accueilli dans une église catholique de Washington par un sermon de l’évêque Mariann Budde en faveur des migrants, des homosexuels et des minorités. Léon XIV, prélat latino-américain, pourrait bien, à son tour, se dresser comme un contre-pouvoir moral face aux dérives d’un pouvoir américain tenté par le repli, l’exclusion et la brutalité.

Au-delà des questions temporelles, l’appartenance de Robert Francis Prevost à l’Ordre de Saint Augustin laisse d’ailleurs présager d’un pontificat guidé par l’introspection, la grâce divine, et une conception du monde reposant sur la lutte contre les forces du péché intérieur autant que contre les dérives du monde. 

 

Le mal ? Quel mal ?

Mais alors, qui est ce mal que l’Église promet de vaincre ? Nous vivons une époque où le retour du religieux est important en Occident. Et le nouveau pape Léon XIV l’a bien perçu en délivrant au monde cette phrase consubstantielle à toute foi religieuse : “le mal ne gagnera pas !”.

Contre quel « mal » Léon XIV entend-il se dresser ? Contre la pauvreté ? Contre les abus dans l’Église ? Contre la violence géopolitique et le retour du tragique de la guerre ? L’ambiguïté, volontaire, de cette déclaration inaugurale ouvre au fond, peut-être, la voie à une lecture universelle. Cependant, ce message résonne aussi comme un avertissement politique. Donald Trump, de retour à la Maison Blanche, n’a pas tardé à saluer l’élection de son compatriote à Rome. Pourtant, l’alliance ne coule pas de source. 

L’augustinisme du nouveau pape nous rappelle que la lutte entre le bien et le mal est d’abord intérieure. Mais elle ne saurait occulter les combats très concrets qui s’imposent à notre époque : le rejet de l’autre, le cynisme politique, l’indifférence face à la souffrance. En clamant que « le mal ne gagnera pas », Léon XIV n’a pas seulement posé un principe théologique. Il a lancé un défi au monde, à commencer par ceux qui croient pouvoir s’acoquiner avec le divin tout en piétinant la dignité humaine.

Donald Trump est prévenu. La croisade spirituelle du nouveau pape commence.

 

Michel Taube

Directeur de la publication

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