Edito
10H16 - jeudi 8 mai 2025

Quand Emmanuel Macron ranime la flamme laïque. La chronique de Patrick Pilcer

 

Macron Grande Loge de France laïcité

Le 5 mai 2025, Emmanuel Macron a prononcé un discours devant la Grande Loge de France. Un discours historique, marquant. Cependant, peu de médias ont réellement pris la mesure de cet événement. C’est pourtant un moment politique et symbolique majeur : un président de la République française, dans un temple maçonnique, célébrant non pas un folklore, mais une idée, une exigence, une flamme — celle de la République laïque.

Ce discours est remarquable. Rare. Courageux. Nécessaire.

D’abord, parce qu’il réaffirme avec force ce que la laïcité est : une loi de liberté, et non une arme d’exclusion.

Dans un moment où chaque pays cherche à se réarmer, c’est l’honneur de la France d’être dotée d’une arme pure qui protège notre Vivre-Ensemble et notre façon de faire Nation. Dans une époque où certains, à droite comme à gauche, manipulent le mot Laïcité comme un projectile, et l’affublent d’adjectifs pour en diminuer la portée, Emmanuel Macron a choisi de redonner à ce beau mot toute sa noblesse.

La laïcité n’est pas un outil identitaire. Elle n’est ni anti-religieuse, ni culturaliste. Elle ne vise ni à effacer les croyances, ni à sacraliser les particularismes. Elle est une règle de l’espace commun. Un pacte. Une neutralité active de l’État pour que tous les citoyens, quelles que soient leurs convictions, puissent coexister, débattre, apprendre, soigner, servir, travailler, vivre ensemble.

Ensuite, parce qu’il rappelle une vérité historique souvent étouffée par le bruit médiatique : les francs-maçons ont été les vigies, les éclaireurs, les bâtisseurs de la République laïque. En France comme ailleurs dans le monde. Sans eux, le Royaume-Uni ne serait pas une monarchie constitutionnelle. Sans eux, les Etats-Unis ne seraient pas une République dotée d’une Constitution solide. Sans eux, pas de Révolution Française, pas de déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen, pas de République Française. Sans eux, pas de loi de 1905. Sans eux, pas de séparation des Églises et de l’État, pas de liberté de conscience garantie dans la Constitution. Sans eux, pas de liberté à disposer de son corps. Grâce à eux, nous gravissons, ensemble, le chemin pour la Dignité, dignité de la naissance à la mort, dignité dans l’éducation, le travail, la retraite, le grand âge. Leur engagement discret mais décisif est inscrit dans notre histoire nationale.

Bravo à eux !

En se rendant dans leur maison, le président n’a pas salué un lobby ou une société secrète, mais un pan essentiel de l’architecture républicaine française.

Mais ce discours est surtout essentiel par ce qu’il engage. Car aujourd’hui, la laïcité est menacée. Par ceux qui la déforment pour mieux l’affaiblir. Par ceux qui s’en réclament pour stigmatiser, ou au contraire pour justifier des accommodements inacceptables. Par ceux qui veulent imposer des coutumes, des dogmes, des vêtements, des pratiques, dans des lieux où seule la règle commune devrait s’imposer. Par ceux qui, au nom d’un antiracisme dévoyé, transforment la laïcité en oppresseur, alors qu’elle est, fondamentalement, la condition même de l’égalité réelle.

Dans ce contexte, l’appel du président à faire des francs-maçons les « vigies » de la République est tout sauf anecdotique. C’est une alerte. Un cri de ralliement. Une invitation à renouer avec la vigilance républicaine, cette vertu cardinale qui refuse les aveuglements, les complaisances, les renoncements.

Emmanuel Macron va plus loin, il nous demande en fait à tous d’être les Ambassadeurs de la Laïcité, comme je le proposais en décembre 2024. Il nous faut passer de la notion de référent, de personne à qui on se réfère et qui permet un suivi, une transmission, à la notion d’Ambassadeur, de personne qui non seulement représente et transmet, mais aussi défend nos intérêts et développe notre influence.

Emmanuel Macron dit aussi une autre chose essentielle : la laïcité, ce n’est pas une nostalgie, c’est un avenir. Elle ne doit pas être une posture défensive, mais un projet vivant. Ce n’est pas en multipliant les chartes d’engagements qu’on sauvera l’universel. C’est en lui redonnant du sens.

Et pour cela, il faut des éducateurs, des magistrats, des médecins, des élus, des professeurs… des citoyens qui croient encore que nous pouvons vivre ensemble sans nous écraser, sans nous ignorer, sans nous fuir, sans vivre côte à côte ou, pire, face à face, mais, au contraire, ensemble.

La République, c’est aussi cela, rassembler ceux qui sont différents. La différence n’est pas un risque mais une chance, une opportunité, un enrichissement. La République est indivisible, laïque, démocratique et sociale… indivisible justement parce qu’elle rassemble ce qui est épars.

Ce discours du 5 mai, c’est peut-être l’un des plus puissants des deux quinquennats. Ne le laissons pas sans suite.

Il appartient désormais à chacun d’entre nous, à tous ceux qui croient que la République n’est pas un mot creux mais une promesse active, de répondre à cet appel. D’assumer, comme l’ont fait nos glorieux aînés, ce combat paisible mais intransigeant pour la laïcité. D’oser rappeler que ce principe, loin d’être une lubie française, est ce qui rend possible notre pacte social. Ce qui empêche la guerre des identités. Ce qui protège les faibles contre les pressions des forts. Ce qui permet à la République de tenir debout, ici et maintenant.

Oui, Monsieur le Président, il fallait le dire. Et vous l’avez dit. Bravo.

Il nous faut savoir, il nous faut comprendre, il nous faut agir. Il reste à agir, pour vous comme pour nous.

Et nous serons là pour cela.

 

Patrick Pilcer
Président de Pilcer & Associés, conseil et expert sur les marchés financiers

Président de Pilcer & Associés, conseil et expert sur les marchés financiers
Patrick Pilcer, Président de Pilcer & Associés, conseil et expert sur les marchés financiers

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