Edito
11H36 - jeudi 8 mai 2025

8 mai : l’éternel retour ? L’édito de Michel Taube

 

Et si l’histoire n’était qu’un éternel recommencement ? Et si le 8 mai (les 8 et 9 mai pourrons-nous dire au lendemain de cette sale guerre d’Ukraine) n’était pas seulement le rappel de la victoire sur le nazisme, mais aussi le triste présage d’un cycle tragique qui recommence sans fin, sous de nouveaux visages, avec d’autres armes, sur des fronts qui n’attendent qu’un prétexte pour s’embraser ?

Le 8 mai 1945, l’Allemagne nazie capitulait devant les Alliés, mettant fin en Europe à six années de guerre totale, de massacres de masse, de destruction systématique. L’horreur de la Shoah, les villes en ruines, les millions de morts : c’est cela que l’on célèbre. Ou plutôt, que l’on devrait célébrer. La fin officielle de la Seconde Guerre mondiale n’interviendra que le 2 septembre 1945, avec la capitulation du Japon, après Hiroshima et Nagasaki. L’apocalypse s’était installée dans l’Histoire.

Et si, en 2025, nous étions à l’orée d’un nouveau cycle de guerres mondiales ? Plus froides, plus numériques, plus insidieuses, mais tout aussi globales ? L’humanité, depuis les guerres du Péloponnèse entre Athènes et Sparte, a toujours connu ses affrontements « totaux », où les civilisations entières se confrontaient. Notre époque ne fait pas exception. L’Ukraine, Gaza, le Caucase, Taïwan, le Sahel : les foyers d’embrasement se multiplient. La guerre mondiale n’est plus un événement : elle devient une atmosphère.

L’idée d’une troisième guerre mondiale n’est plus seulement l’obsession de quelques stratèges alarmistes. Elle est aujourd’hui évoquée par des responsables politiques, des militaires, des chefs d’État, qui redoutent que le désengagement progressif des États-Unis n’ouvre la voie à un monde sans gendarme, livré aux ambitions impériales des puissances autoritaires. À cela s’ajoute la crainte d’une escalade nucléaire, d’un choc frontal, non plus idéologique mais civilisationnel.

Le conflit entre l’Inde et le Pakistan dans la région du Cachemire en est-il l’illustration ? Depuis l’attentat meurtrier du 22 avril dernier, qui a coûté la vie à 26 touristes dans le Jammu-et-Cachemire indien, la tension est à son comble. New Delhi accuse Islamabad de soutenir des groupes terroristes responsables de l’attaque. En riposte, l’Inde a suspendu le traité des eaux de l’Indus, expulsé des diplomates pakistanais et fermé ses frontières. Le Pakistan a réagi en suspendant l’accord de Simla. Les échanges de tirs se multiplient, et l’escalade paraît inévitable.

Pendant ce temps, l’Europe regarde ailleurs. Et pourtant, elle est à nouveau au cœur du théâtre mondial. L’abandon progressif de l’Ukraine par les États-Unis, fatigués d’un conflit qui dure, place notre continent face à ses responsabilités. Pour la première fois depuis 1945, l’Europe pourrait se retrouver seule face à l’agression d’une puissance nucléaire. Ce n’est pas une répétition de l’Histoire. C’est un basculement.

Et l’Occident se retrouve fracturée par le retour des racismes et de la racialisation des discours d’une part et par une perte de valeurs dont elle ne sait comment sortir sinon par le recours à la violence.

Comme l’avait pressenti Nietzsche, l’éternel retour n’est pas un rêve mystique : c’est une malédiction historique. Ce qui a été adviendra à nouveau, sous une autre forme, avec de nouveaux protagonistes, mais avec la même violence, la même souffrance. Et il faudra, à nouveau, des années de sang et de courage pour qu’un futur 8 mai, victorieux et libérateur, vienne refermer ce nouveau cycle de ténèbres et marquer, une fois de plus, la victoire des libéraux.

En ce 8 mai, sommes-nous à la veille d’un 3 septembre 1939 ?

 

Michel Taube

Directeur de la publication

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