Actualité
14H10 - mercredi 16 avril 2025

Bosnie-Herzégovine, Dodik : «Nous voulons la paix et la liberté, le peuple serbe n’acceptera pas les impositions. »

 

La Bosnie-Herzégovine traverse une crise politique qui perdure depuis des décennies, sans signe d’apaisement. Milorad Dodik, président de la Republika Srpska et figure de proue des Serbes (en Bosnie-Herzegovine), a réaffirmé ces dernières semaines à travers de nombreuses interviews sa ligne politique : rejeter toute ingérence étrangère et défendre le droit des Serbes à être représentés par des institutions légitimes, et non imposées d’en haut. « Nous sommes en faveur de la paix, de la légalité et de la liberté. Nous ne nous soumettrons jamais à un système fondé sur la contrainte », a-t-il déclaré, rejetant les accusations judiciaires portées depuis Sarajevo, qu’il considère comme faisant partie d’une campagne politique destinée à l’attaquer personnellement et à affaiblir l’autonomie de son entité au sein du pays.

Selon Dodik, la situation actuelle reflète une crise plus large de la souveraineté nationale, non seulement en Bosnie, mais à l’échelle de toute l’Europe. Il accuse les autorités communautaires de Sarajevo, ainsi que leurs soutiens internationaux, d’avoir trahi des Accords de Dayton de 1995, lesquels prévoyaient une structure fédérale équilibrée entre le pouvoir central et les entités constitutives. « Ce que nous vivons aujourd’hui est le résultat de décisions unilatérales imposées par des acteurs extérieurs », a-t-il expliqué.

Dans sa ligne de mire se trouve également le soi-disant “Haut Représentant”, qu’il qualifie de dépourvu de légitimité démocratique et de mandat onusien, critiquant son adoption de lois et de mesures sans le moindre consentement des institutions locales ni fondement juridique. Pour Dodik, cette pratique menace les principes fondamentaux du droit international, de la Constitution et de la coexistence pacifique dans le pays.

Malgré les pressions croissantes, Dodik semble aujourd’hui moins isolé que jamais. Il revendique le soutien de plusieurs dirigeants internationaux opposés à ce qu’il décrit comme une dérive centralisatrice et technocratique de l’Union européenne. Il cite notamment Viktor Orbán en Hongrie, Benjamin Netanyahu en Israël, certains représentants de la droite politique en Italie et en France, ainsi que le groupe « Patriotes pour l’Europe ». Selon lui, tous partagent un point commun : leur opposition à l’establishment et leur persécution par voie judiciaire, comme ce fut le cas aux États-Unis avec Donald Trump, ou plus récemment en Roumanie et en France.

La Russie, selon Dodik, reste l’un des garants de l’équilibre établi par les accords de Dayton, et serait prête à intervenir sur le plan diplomatique au sein de l’ONU pour défendre cet équilibre initial prévu par les accords internationaux.

Sur le plan intérieur, le président de la Republika Srpska a lancé un appel à l’unité du peuple serbe, l’exhortant à se rassembler autour de ses institutions – parlement, gouvernement, forces de l’ordre – qu’il considère comme les piliers de la stabilité et de la légitimité de l’entité. Quant à une éventuelle arrestation, il se montre ferme : « Ce n’est pas une attaque contre moi, mais contre tout un système qui refuse de se soumettre, notre police me protège. »

Enfin, il ouvre la porte au dialogue avec la représentation politique croate en Bosnie, soulignant que cette communauté aussi souffre d’un système qui lui refuse une véritable représentation démocratique. Pour Dodik, le cœur du conflit politique interne reste Sarajevo, où – selon lui – subsistent des visions radicales et des liens avec des milieux islamistes, qui poursuivraient un projet d’imposition de l’islam politique dans le pays.

Son message final est sans équivoque : « Nous ne cherchons pas la confrontation, ni la sécession, mais nous exigeons le respect, la légalité et l’équilibre. Nous sommes prêts à défendre la paix, mais nous ne permettrons pas qu’elle soit utilisée comme prétexte pour effacer notre identité, nos droits et notre autonomie. Notre combat est celui de la liberté et de l’autodétermination, et il se poursuivra dans le respect de la légalité constitutionnelle. »