Edito
08H43 - mardi 11 février 2025

Non, Monsieur Trump, l’Ukraine n’est pas russe mais Ukrainienne ! L’édito de Michel Taube

 

Donald Trump a déclaré cette nuit que l’Ukraine « pourrait devenir russe un jour », tout en répétant son exigence : l’accès des États-Unis aux terres rares ukrainiennes en échange de l’aide militaire apportée à Kiev.

Encore une fois, le président américain fait monter les enchères dans un dossier crucial pour ensuite négocier (et obtenir ?) un profit substantiel. Il applique la même recette à Gaza, au Canada, au Mexique, au Groenland ou sur les droits de douane. Mais cette fois-ci, l’enjeu est bien plus grave : il touche à la souveraineté d’un peuple et aux équilibres géopolitiques mondiaux.

Trump se moque probablement de l’Ukraine, et encore plus de l’Europe. Pour lui, notre continent est un concurrent économique à écarter dans la course à l’hégémonie commerciale mondiale.

Mais il est essentiel de rappeler à Monsieur Trump et à tous les trumpistes et autres MAGAsiens (Make America Great Again) que l’Ukraine ne deviendra pas russe. Pour une raison simple : le peuple ukrainien en a souverainement décidé autrement. C’est le sens de l’histoire récente de ce peuple qui, depuis la Révolution orange de 2004 et bien avant, a choisi de tourner son regard vers l’Occident, vers la modernité, vers la liberté et vers l’Europe.

Il y a dans les propos de Trump et surtout dans la galaxie MAGA des relents pro-Poutine que nous refusons de suivre. Les MAGA, fervents soutiens de Trump et dont est issu le Vice-Président JD Vance sont souvent pro-russes, et les exemples ne manquent pas : la complaisance à l’égard des ambitions territoriales du Kremlin, les tentatives de minimiser les crimes de guerre russes, ou encore les déclarations ambiguës sur l’OTAN. Cette ligne pro-russe, nourrie par l’idéologie isolationniste d’une partie de la droite américaine, met en péril non seulement l’unité occidentale mais aussi la paix mondiale.

 

En fait, Trump joue contre Trump en en faisant trop, alors même que ses valeurs libérales et conservatrices pourraient dessiner un nouveau front international pour les libertés.

Que l’aide américaine à l’Ukraine soit conditionnée à des concessions commerciales sur les ressources naturelles, pourquoi pas et c’est même légitime. C’est le jeu des grandes puissances et de la politique.

Mais l’objectif des négociations qui finiront par s’ouvrir entre l’Ukraine et la Russie, avec l’Europe et les États-Unis comme médiateurs, devra être clair : garantir à l’Ukraine sa pleine et entière souveraineté. Les terres rares, les accords énergétiques et les concessions économiques ne doivent pas devenir la monnaie d’échange d’un abandon de la dignité nationale ukrainienne.

Les propos de Trump ne doivent pas nous détourner de l’essentiel : l’Ukraine est un symbole de résistance et de liberté. L’Histoire nous a démontré qu’il ne faut jamais céder face à l’agression ni se laisser aveugler par des promesses fallacieuses. L’Europe, qui a trop souvent plié dans le passé, doit être cette fois le garant indéfectible de la souveraineté ukrainienne.

Donald Trump peut bien jouer au marchand de tapis, mais nous devons tenir ferme sur les principes. Si des discussions s’ouvrent, elles doivent se faire avec la volonté de protéger l’indépendance d’un pays qui aspire à la paix et à la prospérité dans le cadre européen et occidental.

Car l’Ukraine n’est pas russe. Elle est Ukrainienne et européenne.

 

Michel Taube

Directeur de la publication

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