Edito
09H05 - mardi 4 février 2025

Retailleau et l’islam de France : l’illusion du dialogue. L’édito de Michel Taube

 

Bruno Retailleau, ministre de l’Intérieur, rencontre aujourd’hui des représentants du culte musulman dans un cadre qualifié d’« informel ». Une litote bureaucratique qui masque mal l’impasse dans laquelle se trouve, depuis des années, l’organisation de l’islam en France. Ni le défunt CFCM, ni le moribond FORIF, ni les initiatives successives de l’État n’ont su structurer un islam compatible avec les exigences républicaines. Bruno Retailleau lui-même, pourtant connu pour sa fermeté sur ces sujets, s’inscrit dans la continuité de ses prédécesseurs, acceptant un dialogue dont l’issue semble déjà écrite.

Le Forum de l’islam de France, lancé en 2022 par Gérald Darmanin, se voulait une réponse pragmatique à l’effondrement du CFCM. Plus d’instance centralisée, mais des groupes de travail thématiques au plus près des réalités locales. Trois ans plus tard, force est de constater l’inefficacité du dispositif : aucune avancée notable sur la formation des imams, sur le financement des mosquées ou sur l’encadrement du culte. Retailleau évoque une « lutte contre l’islam politique », mais que peut-il espérer d’un FORIF conçu précisément pour éviter d’aborder la question du séparatisme islamiste ? Pour dire les choses autrement, il est scandaleux que le FORIF soit resté silencieux depuis sa création à chaque fois que des imams commettaient des délits en appelant à la haine de la France et notamment des juifs et des homosexuels, cibles privilégiées des islamistes.

 

L’ombre d’Alger

Le ministre de l’Intérieur sait pertinemment que la véritable bataille se joue ailleurs. Elle se joue dans les mosquées, où l’influence des Frères musulmans et des salafistes demeure forte. Elle se joue sur les réseaux sociaux, où prospère un islam victimaire opposant la charia aux lois de la République. Elle se joue dans certains quartiers, où la pression communautaire impose ses propres normes aux habitants. Croire qu’une instance sans colonne vertébrale institutionnelle, sans mandat clair, sans capacité contraignante, pourra inverser cette tendance relève de l’aveuglement ou du cynisme.

Bruno Retailleau héritait pourtant d’un contexte propice à une reprise en main. La fin des imams détachés, effective depuis janvier 2024, aurait dû être l’occasion d’imposer un véritable cadre pour la formation et la nomination des imams en France. Or, l’État n’a fait que constater l’atomisation du paysage islamique, incapable de structurer une alternative solide. Certains imams étrangers restent en place, recyclés sous d’autres statuts, tandis que la formation en France demeure largement contrôlée par des courants idéologiquement marqués.

Quant à la Grande Mosquée de Paris, acteur historique de l’islam en France et traditionnel relais des intérêts algériens, sa présence à cette réunion ne manquera pas d’alimenter les tensions diplomatiques avec Alger. 

On sait la mainmise de la mosquée de Paris sur l’islam en France. L’Opinion a révélé dans une enquête remarquable le juteux business du marché halal dont profitent les autorités algériennes et la mosquée de Paris. L’ombre du président Tebboune plane sur cette rencontre, alors que les relations franco-algériennes traversent une nouvelle crise.

Dans ce contexte, la réunion d’aujourd’hui ressemble davantage à une opération de communication qu’à un véritable tournant.

Bruno Retailleau veut-il réellement mettre un terme à l’emprise des réseaux islamistes sur une partie du culte musulman en France ? Alors qu’attend-il pour exiger des représentants du FORIF un engagement ferme et public contre l’islamisme ? Pourquoi ne pas conditionner la reconnaissance des imams à la signature d’un serment d’allégeance aux principes républicains, assorti de sanctions claires en cas de manquement ? Pourquoi ne pas dissoudre immédiatement les associations cultuelles refusant de condamner sans ambiguïté le séparatisme islamiste ?

Pourquoi ne pas exiger la prononciation d’une prière de soumission à la République française dans toutes les mosquées de France ?

 

Pour un Concordat avec l’Islam en France

À force de compromis et d’attentisme, la République ne fait que reculer. L’islam de France n’a pas besoin d’un énième forum ou d’un nouveau round de concertation stérile. Il a besoin d’un État fort, d’une ligne claire et d’actes concrets. Sans cela, Bruno Retailleau ne sera qu’un ministre de plus à avoir « rencontré » des représentants musulmans, avant de constater, impuissant, la poursuite du lent grignotage des principes républicains par un islamisme toujours plus entreprenant.

Que le ministre des cultes s’appelle Retailleau, Darmanin ou peut-être un jour un ministre de Madame Le Pen, la vérité, dure à entendre par les partisans de la laïcité à la française, est que les lois de 1905 sont un obstacle à la nécessité de dompter l’islamisme et de séparer ce dernier de l’islam en France. La neutralité de l’Etat empêche l’Etat de lutter efficacement contre l’islamisme.

Seul un Concordat exigeant, sévère et bienveillant, comme le christianisme et le judaïsme en bénéficient en Alsace et en Moselle, permettrait de libérer l’islam en France de la gangrène islamiste. Nous en sommes loin malheureusement…

Avec l’islam plus qu’avec les autres religions monothéistes, soit l’Etat prend le contrôle du religieux, soit le religieux finit par l’emporter sur l’Etat. L’islam est aujourd’hui la principale religion de France en nombre de fidèles pratiquants, l’Etat ne peut l’ignorer plus longtemps…

Bruno Retailleau en parlera-t-il avec ses invités musulmans ou renverra-t-il la question à l’élection présidentielle ?

 

Michel Taube

Directeur de la publication

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