Abolir la peine de mort
04H49 - mercredi 12 septembre 2012

Quand la peine de mort brouille les relations entre le Sénégal et la Gambie

 

 

Dimanche 26 août, le président de la république de Gambie, Yayha Jammeh a mis à exécution sa menace de faire exécuter des prisonniers condamnés à la peine de mort. C’est ainsi que la guillotine a été passée sur neuf prisonniers dont deux Sénégalais. En tout, ce sont 47 exécutions qui sont annoncées par les autorités gambiennes d’ici la mi septembre.

Suffisant pour que le président sénégalais, Macky Sall, qui avait envoyé dans la discrétion une délégation pour dissuader le président gambien, exprime ses « regrets » au retour d’un voyage écourté en Afrique du Sud. Devant le refus du président Jammeh d’obtempérer, Macky Sall a fait convoquer l’ambassadeur de la Gambie à Dakar pour une consultation.

D’autres prisonniers attendent dans le couloir de la mort et le chef de l’Etat gambien a promis de les faire exécuter selon les décisions de justice. Son homologue sénégalais réclame « clémence » dans un communiqué qui a été diffusé par son porte-parole qui signale qu’un autre Sénégalais fait partie de ces prisonniers qui attendent leur exécution. Le président Macky Sall « réaffirme son opposition à la peine de mort, une mesure excessive et irréversible dans l’hypothèse d’erreurs judiciaires ou violation des droits de l’homme », souligne le texte du communiqué.

Les organisations de défense des droits de l’homme internationales, notamment de la Gambie et du Sénégal, ont condamné ces exécutions et demandent l’abolition de la peine de mort en Gambie qui a signé tous les textes internationaux qui militent contre l’instauration et le maintien de sanctions judiciaires excessives ou disproportionnées. Même si la législation gambienne reconnaît la peine de mort, les autorités judiciaires du pays ne l’ont jamais appliquée. A Dakar, des manifestations ont été organisées devant l’ambassade de Gambie pour dénoncer ces exécutions.

Les associations pour la défense des droits humains ont menacé de porter plainte contre le président gambien devant la Cour pénale internationale s’il ne sursoit pas aux exécutions, procédure cependant hasardeuse sur le strict plan du droit. Elles ont d’ailleurs rappelé que les autorités gambiennes n’en étaient pas à leurs premiers actes « criminels ». Amnesty international a rappelé à plusieurs reprises « les cas de torture, de disparitions » d’hommes politiques et des leaders d’opinion, comme des journalistes en Gambie sous le régime de Yayha Jammeh.

Récemment un militant de l’opposition à la peine de mort a été condamné aux travaux forcés à perpétuité « pour avoir imprimé et distribué des T-shirts appelant à en finir avec la dictature en Gambie », a déclaré Amnesty International à l’occasion de sa Journée d’action annuelle en faveur de l’amélioration des droits humains dans le pays. Une journée qui est célébrée le 22 juillet chaque année.

Ibrahim Faye