En cette Journée mondiale contre la peine de mort, dont nous avons été l’initiateur principal en 2003, il faut rappeler que le régime iranien est dans le top 5 des pays qui condamnent à mort et exécutent le plus dans le monde. Chine, monde musulman (Iran en tête), quelques États américains empêchent le rêve d’abolition universelle de se réaliser. Et ce malgré les récentes abolitions en 2022 : le Kazakhstan, la Papouasie Nouvelle Guinée, la République centrafricaine, bientôt la Zambie et la Malaisie peut-être.
En Iran, depuis le soulèvement des femmes, combien d’entre elles seront condamnées à mort voire exécutées par un régime des mollahs aux abois ? Combien de jeunes, d’étudiants, de parents seront eux aussi condamnés à mort pour avoir osé descendre dans la rue.
Leur crime ? Se rallier à la devise du mouvement actuel : « femmes, vie, liberté ». S’être soulevés pour leur dignité, pour leur liberté. Les femmes et les hommes qui s’engagent savent bien ce qu’ils risquent et c’est pourquoi nous nous inclinons devant leur courage.
La peine de mort redouble en Iran
Selon l’ONG Iran Human Rights, qui tient à jour le triste décompte de la peine capitale en Iran*, le nombre d’exécutions recensées en Iran a grimpé de manière alarmante. De 117 exécutions au premier semestre 2021, les chiffres ont plus que doublé avec déjà 428 personnes exécutées cette année, dont deux mineurs et douze femmes.
Selon son directeur, Mahmoud Amiry-Moghaddam, « il ne fait aucun doute que les exécutions généralisées sont utilisées par les autorités pour instiguer la peur dans la société afin d’empêcher de nouvelles manifestations antigouvernementales. En augmentant le coût politique des exécutions par le biais de campagnes populaires et d’une pression internationale accrue, on peut mettre un terme à cette vague d’exécutions. »
Si la machine à tuer a redoublé d’intensité ces derniers mois, c’est que le régime est plus que jamais aux aguets, engagé depuis l’élection de Ebrahim Raïssi, un des pires affidés du régime, dans un bras de fer avec un population épuisée et étouffée. Avec ces condamnations à mort décuplées, le peuple a dû sentir la pression monter et le vase de la soumission, de la colère enfuie, déborder !
Au fond, lorsque la jeune Mahsa (Jina) Amini est morte sous le coup de la police des mœurs, le peuple iranien a dû ressentir sa mort tragique comme une forme de peine de mort symbolique infligée aux femmes. D’où l’instinct de survie de ces dizaines de milliers de femmes qui se sont lancées dans ce mouvement irrépressible pour leur dignité. D’où aussi ces formes de « mutilation » symbolique que constitue le fait de couper des mèches de ses cheveux – et auxquelles nous avons pris part en tant que citoyen du monde, comme pour exorciser et rejeter les tortures et mutilations culturelles imposées par le pouvoir aux femmes iraniennes.
Aider le peuple iranien, c’est aussi les protéger contre le retour de bâtons, terrible, qui s’abattra sur lui à coups de lapidations et de pendaisons si les mollahs et venaient à étouffer la révolution en cours.
Mais la liberté finit toujours par triompher ! Et nous en sommes sûr, si le régime des mollahs s’effondre, l’un des premiers actes de la nouvelle démocratie iranienne sera d’abolir la peine de mort !
Michel Taube
*Autre forme de condamnation à mort en Iran : le qisas ou ghesas, châtiment en nature, est fortement pratiqué par la régime. Nous y reviendrons prochainement.