Printemps arabe
06H04 - jeudi 20 octobre 2011

Elections en Tunisie : « Exaltation et angoisse » nous confie Souhayr Belhassen, présidente de la FIDH et témoin symbolique de ces élections.

 

Elle symbolise à bien des égards toutes les libertés qu’ont conquises les Tunisiens : femme, journaliste, citoyenne de Tunisie et du monde, présidente de la FIDH (Fédération Internationale des Ligues des Droits de l’homme).  Entretien à chaud, à la veille des élections, avec Souhayr Belhassen.

Que ressentez-vous en ces heures de vote des Tunisiens ?

A la fois de l’enthousiasme mais aussi de l’angoisse. Ces élections sont une victoire de la démocratie tunisienne, un acte de citoyenneté et de démocratie formidable que je vis avec beaucoup d’exaltation. Mais c’est aussi un saut dans l’inconnu : nul ne peut dire ce qui sortira des urnes dimanche.

La Tunisie est-elle prête à entrer dans la démocratie ?

Oui, le défi de l’organisation des élections était extraordinairement difficile à relever. Nous partions de rien, et même avec un passif de 50 ans de régime de parti unique puis de dictature. Par exemple, il a été décidé de faire table rase de l’ancien fichier électoral du ministère de l’Intérieur et d’en créer un nouveau. L’ISIE, l’Instance Supérieure Indépendante des Elections, présidée par notre ami Kamel Jendoubi, avec ses 5.000 recrues, chargées de mener à bien le processus électoral, a fait un travail formidable. L’institution de la parité dans les élections est également un acquis extraordinaire.

Comment expliquez-vous cette maturité des Tunisiens ?

Malgré la dictature et la confiscation des libertés publiques pendant des décennies, les Tunisiens ont cultivé ce qu’il y a de plus précieux, un niveau d’éducation record dans le monde arabo-musulman. Et les femmes ont conquis des droits et jouent de ce fait un rôle clé depuis la Révolution.

Votre angoisse vise-t-elle cette crainte d’un raz-de-marée islamiste ?

Je ne me focalise pas sur eux, ils sont une donnée de la vie politique tunisienne, trop longtemps réprimée sous Ben Ali, ce dont ils jouent aujourd’hui, soit dit en passant. Pour moi, les forces modernistes et universalistes partent divisées car chacun a besoin, en ces premières heures de la démocratie, de prendre ses marques, de se positionner et de se compter. Mais je suis sûre qu’une fois l’Assemblée constituante formée, des regroupements se feront pour adopter le texte le plus moderne.

Que demande la FIDH ?

La Tunisie doit à présent répondre à des questions fondamentales auxquelles elle n’a pas eu à répondre depuis 50 ans. Nous demandons l’application légale de trois principes à travers tous les corps de la société : « dignité, liberté et démocratie ». Je ne prendrai qu’un exemple : l’intégration des conventions internationales dans le droit tunisien avec la non discrimination entre hommes et femmes, l’abolition de la peine de mort en toutes circonstances, la liberté de la presse, les droits sociaux, les droits des migrants.

Propos recueillis par Michel Taube

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