International
05H01 - jeudi 20 septembre 2012

La Tunisie s’achemine vers une nouvelle crise de légitimité

 
Après l’incident de l’ambassade américaine à Tunis, la scène politique tunisienne se recentre sur l’épineuse question de la fin de la légitimité électorale de l’Assemblée constituante et, partant, de celle du gouvernement du gouvernement. En effet, le décret du 3 août 2011 sur la base duquel l’élection le 23 octobre 2011 de l’actuelle Assemblée nationale constituante a été organisée, prévoit dans son article 6 l’expiration du mandant de ladite assemblée un an après son élection. L’Assemblée actuelle doit donc adopter le texte d’une nouvelle Constitution pour la Tunisie d’ici un mois, le 23 octobre 2012.
Le 23 octobre prochain sera nécessairement une date fatidique pour tester les intentions réelles de la troïka gouvernant actuellement et surtout du mouvement islamiste Enahdha, principal acteur du pouvoir.
Pour plusieurs personnalités politiques et académiques, notamment le doyen Yadh ben Achour, la situation est grave puisqu’elle aboutira, au-deà de ce délai, à la caducité de la légitimité des pouvoirs dans l’État, ce qui ouvrira la porte a l’ascension d’un pouvoir militaire comme dernier recours pour sauver le pays.
Si les partisans du pouvoir actuel considèrent que la Constituante détient le droit l’expression unique de la volonté populaire, et qu’à ce titre elle peut décider de prolonger ses débats de plusieurs mois voire un ou deux ans jusqu’à l’adoption d’une Constitution, l’opposition, elle, se réfère davantage à un texte d’engagement politique, une espèce de charte morale qui avait été signée la veille des élections du 23 octobre dernier par les principaux partis, pour maintenir la durée d’un an comme limite des travaux de la Constituante.
Mohamed aAbbou, ex-ministre et actuel secrétaire général du CPR, le parti du président de la République Moncef Marzouki, a déjà mis en garde, dans intervention radiophonique, contre toute action visant la destitution de la Constituante.
Les plus optimistes appellent à un passage de la légitimité électorale à la légitimité consensuelle : un gouvernement d’union nationale serait à l’ordre du jour .
Ahmed Negib Chebbi par exemple, leader du parti républicain, opte pour l’idée d’un gouvernement « d’intérêt national », capable de sortir le pays du marasme dans lequel il s’est embourbé et de l’échec de la coalition au pouvoir.
Le mouvement « Nidaa tounes » dirigé par l’ex-premier ministre Beji Caied Essebsi campe sur ses positions de principe pour insister sur l’expiration et le respect du mandat de la Constituante sans jamais rejeter la nécessite d’un consensus pour la gestion de la prochaine phase. Les observateurs s »accordent sur le fait que tout se jouera entre Enahdha et le mouvement de Beji Caied Essebsi, la gauche unifiée au sein du « Front populaire » et les partis « destouriens » dont notamment le parti de l’Initiative de l’ex-ministre Kamel Morgane auront aussi un rôle influent dans ce bras de fer.
Mondher Thabet
correspondant à Tunis

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