International
06H03 - lundi 1 octobre 2012

L’analyse de Mondher Thabet : Syrie, l’impasse d’une révolution inachevée

 

Les dernières déclarations de l’émissaire international Lakhadar Brahimi ont été, pour plusieurs observateurs, la traduction fidèle de l’embarras dans lequel se trouve la communauté internationale face au cas syrien .

L’envoyé spécial du Secrétaire Général des Nations-Unies a, en effet, reconnu ne pas avoir pour le moment un plan réel pour son action, mais juste des idées pour une situation aussi complexe que gravissime.

Voilà bientôt plus qu’un an et demi que dure l’affrontement, au début pacifiste, entre le pouvoir baaiste de Bachar el Assad et une opposition éclatée. Selon les plus récentes statistiques, le conflit, cette guerre civile qui ne cache plus son nom, a causé 27 000 morts et plus de 250 000 réfugiés répartis entre la Jordanie, le Liban, l’Irak et la Turquie.

La situation humanitaire est de plus en plus inquiétante. Si « l’armée libre » déplore le déséquilibre flagrant entre son équipement militaire « essentiellement  composé d’armes légères » face aux armes de guerre déployées par l’armée régulière, le pouvoir de Bachar el Assad accuse les rebelles d’utiliser la méthode des boucliers humains pour causer le plus de dégâts.

Il est évident qu’un affrontement entre une armée régulière et une guérilla ne peut que causer un nombre aussi élevé de victimes. Les organisations humanitaires internationales ont condamné les exactions commises par les deux camps à l’encontre des civils. Des exactions qualifiables de « crimes de guerre », selon ces ONG.

Entre temps, la diplomatie internationale fait du surplace sans un réel succès face au rejet chino-russe d’une intervention militaire directe.

Le scénario libyen est à exclure car l’embrasement de la région serait inéluctable.

Il est important de signaler que le pouvoir syrien est essentiellement confessionnel. Il n’est que l’expression de la domination « alaouite » (essentiellement chiite) et ne représente que 15% d’une population multiconfessionnelle dont les « sunnites » sont majoritaires.

La composition de l’armée libre reste essentiellement articulée autour des « jihadistes sunnites », d’où la peur de la montée d’un pouvoir fondamentaliste pour les puissances occidentales .

La géopolitique de la région favorise une action indirecte par l’appui aux forces de « l’armée libre » et l’isolement diplomatique du pouvoir de Damas, l’hypothèse de l’éclatement de l’armée étant écartée pour sa nature typiquement confessionnelle et l’ampleur de son implication dans la corruption.

Toutefois la résolution du problème reste tributaire de l’évolution des négociations avec la Russie et la Chine. Sans parler du rôle de l’Iran, alliée indéfectible de Bachar el Assad.

Mondher Thabet
correspondant de www.opinion-internationale.com à Tunis

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