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19H48 - lundi 1 septembre 2025

Tahiti : 1,2 milliard dort dans la prévention, l’assemblée réclame des comptes

 

 

Hier à Tarahoi, l’argent a pris le dessus sur la politique. Les élus ont rouvert le dossier brûlant du Fonds de prévention sanitaire et sociale, ce bas de laine gonflé par les taxes sur le tabac et le sucre, qui atteignait désormais 1,2 milliard de francs. Une somme record, largement supérieure aux habituels 700 millions, et qui a relancé les critiques : trop d’argent accumulé, pas assez dépensé.

Nicole Sanquer a ouvert les hostilités, dénonçant l’absence de stratégie claire alors que le ministre de la Santé promettait encore son plan de prévention, son plan cancer et un schéma d’organisation sanitaire… pour la fin de l’année seulement. Teave Chaumette, lui, a suggéré de financer une cellule d’appui aux associations, étranglées par la paperasse. Lana Tetuanui a rappelé l’explosion des chiffres : 152 millions fin 2019, 233 en 2020, 715 en 2022 et 1,2 milliard aujourd’hui. Sa conclusion était limpide : « soit on ne sait pas consommer, soit il n’y a rien qui est fait ».

Le ministre Cédric Mercadal a répliqué en chiffres : 97 % des crédits utilisés en 2023, 95 % en 2024, et déjà 67 % consommés cette année. Selon lui, le problème n’était pas l’inertie mais la mécanique : il fallait « revoir le circuit de fonctionnement des subventions » et mieux associer les communes. Mais même dans la majorité, plusieurs élues ont pointé le même blocage : la Direction de la santé, désormais gestionnaire du fonds, n’aurait ni le temps ni les effectifs pour instruire les demandes.

Au passage, la ministre des Solidarités s’est dite presque « heureuse » d’apprendre qu’il restait autant d’argent, promettant de s’en emparer. Quant au ministre des Finances, il a clos le débat en assurant que ces milliards ne seraient « jamais perdus », reconduits l’an prochain si nécessaire.

Au final, le collectif budgétaire a pris des airs de bataille de calculatrices : opposition et majorité confondues ont convenu que le problème n’était pas tant l’argent que sa mise en mouvement. Pendant ce temps, les associations, en première ligne face aux ravages sanitaires et sociaux, attendent toujours que les milliards endormis deviennent des actions visibles.

Patrice Clech