Quelle honte, quelle ignominie pour l’Algérie.
Boualem Sansal est le lauréat du grand prix du roman, prix décerné en 2015, par l’Académie française pour son roman, « 2084 : la fin du monde ».
Il aura suffi d’une plume à encre pour mériter ces cinq ans de prison. Pourquoi ?
Pas un seul fusil, pas un réseau clandestin, pas un appel à la révolution, pas un podium pour haranguer les foules à se soulever.
Non-non : juste des mots, des points de vue, des paroles, des livres.
Des idées.
In fine la liberté de ton.
Un amour de la France inconditionnel.
Sansal a aussi un regard libre sur le tracé Maroc / Algérie et sur l’Algérie contemporaine. Quant au Sahara occidental, ce territoire non-autonome selon l’ONU est l’objet d’un conflit depuis 50 ans entre le Maroc et les indépendantistes du Polisario, soutenus par Alger. En plus, la France avait reconnu l’année dernière un plan d’autonomie « sous souveraineté marocaine » pour le Sahara occidental.
Sansal aura juste fait son métier d’écrivain, de témoin de son temps.
L’Algérie n’en finit pas de se chercher une identité, un âme, un ciment social. Elle brille aujourd’hui encore de son injustice et de ses mensonges. Elle incarne un régime paranoïaque.
De France, je leur dis : cette condamnation sera une empreinte indélébile pour le régime algérien alors que Boualem Sansal a 80 ans et un cancer de la prostate.
Le parquet avait requis dix ans de prison à l’encontre de l’écrivain franco-algérien. Boualem Sansal a finalement été condamné le 1er juillet à cinq ans de prison ferme par le tribunal correctionnel de Dar El Beida, près d’Alger pour « atteinte à l’unité nationale.
Survivra -t-il ? J’en doute.
Seule une grâce du président Tebboune pouvait lui permettre de retrouver la liberté, le 5 juillet. Elle n’a pas eu lieu.
Sansal est aujourd’hui au cœur de la crise diplomatique franco-algérienne, sans doute la plus aiguë depuis l’indépendance de l’Algérie en 1962.
Incarcéré depuis la mi-novembre, l’écrivain franco-algérien paie sa liberté de ton, ses idées et son talent.
Que vont faire Jean-Noël Barrot, le MAE, Emmanuel Macron ?
On attend ?
On attend ?
On attend ?
Plus la France est faible, plus elle se réfugie derrière une hypothétique diplomatie, plus nous nous discréditons.
Existent des procédures pour le faire libérer.
Existe le panache de défendre les siens.
Existe un voyage au nom de la liberté pour Sansal.
Existe le tempérament de combattre les fatalités.
On peut rappeler nos ambassadeurs.
On peut engager des démarches politiques…
Alors, aujourd’hui ?
L’été est là.
Les vacances des uns et des autres.
L’Algérie parie sur l’oubli.
Et nous ?
Au nom de ce que nous sommes, de la France, juste de notre cœur, nous sommes quelques-uns à nous indigner, à témoigner, à écrire aussi nos appels à la justice pour Boualem Sansal autour d’Arnaud Benedetti, fondateur du comité de soutien international à Boualem Sansal et rédacteur en chef de la Revue Politique et Parlementaire.
Nous sommes en colère.
Nous appelons à la libération immédiate et sans condition.
Messieurs, un petit effort.
Faites rayonner la France dans le monde entier.
Donnez nous de l’espoir de croire en la France telle qu’elle se doit être, frondeuse, audacieuse et éprise de justice.
Ghyslaine Pierrat
Spin doctor


















