
À chaque examen du Budget, c’est la même scène : sous les dorures de l’Assemblée, les députés rivalisent d’amendements pour savoir qui taxera le mieux. Un scénario usé, dépassé, et pourtant ils continuent. On ne compte plus les hausses, surtaxes, niches rabotées, usines à gaz et dispositifs alambiqués qui viennent alourdir le quotidien des classes moyennes et le bilan des entreprises. Il n’y a pas de placements improductifs, mais il y a depuis trop longtemps des débats improductifs, voire des budgets contreproductifs.
Ce scénario, les Français le connaissent par cœur : on commence par les fameuses recettes, c’est-à-dire les impôts, taxes, et prélèvements, avant de réfléchir à ce qu’on cherche à financer, les dépenses, c’est-à-dire le coût de notre système de santé, de retraite, d’éducation, de sécurité, de justice. Un scénario d’un navet de série B ! Mais qui réalisera le véritable chef d’œuvre avec un scénario simple et efficace : proposer un projet de société, analyser son coût, ses dépenses nécessaires, puis examiner la meilleure façon de la financer pour que nous ayons tous envie de Mieux Vivre Ensemble ? Ce réalisateur n’est visiblement pas dans l’Assemblée, et nos députés écrivent jour après jour les mauvaises pages des ultimes saisons d’une mauvaise série.
N’attendons plus rien non plus du « confiné de l’Elysée ». Au moment où nos députés essaient de boucler un budget impossible, il annonce le 30 octobre 1,5 milliard d’euros d’aide internationale pour la région des Grands Lacs. Va-t-il falloir augmenter la CSG ou geler les pensions de retraite pour financer la part promise par la France ou est-ce encore une promesse en l’air pour tenter d’exister sur la scène internationale ? Complètement Hors-Sol !
Pendant ce temps, les Français, eux, attendent des réponses simples à trois questions essentielles : comment mieux vivre, comment être en sécurité et comment retrouver confiance dans notre pays.
La France n’est pas fatiguée de l’impôt, elle est épuisée par l’inefficacité et la complexité. On taxe tout ce qui bouge, puis on subventionne les activités que nous avons mis à terre, on crée des systèmes administratifs et fiscaux toujours plus complexes et on explique que la simplification viendra… dans la prochaine réforme.
Mais à force de vouloir « corriger », amender, chaque détail, nos élus oublient l’essentiel : la croissance de notre économie ne se décrète pas, elle se libère. Et la confiance, ça ne se vote pas, ça se mérite. Alors Libérons notre économie, redonnons-lui de l’oxygène, investissons dans la recherche, dans le progrès, dans la création de richesse, dans la prise de risque. Arrêtons de panser nos maux mais pensons la France d’après-demain, alors nous mériterons la confiance des Français dès demain.
Les Français ne souhaitent en rien l’hystérie fiscale à laquelle se livrent la Gauche, le RN et une partie du Centre, mais ils attendent un projet de société lisible et moderne. Un pacte social renouvelé, où l’on sache à quoi servent nos impôts et comment ils financent la justice, l’éducation, la santé, la sécurité. Un pacte où l’État montrerait l’exemple, où l’efficacité publique remplacerait la dépense pour la dépense.
Il ne s’agit pas de « faire plus avec moins », mais de faire mieux avec moins : moins de couches administratives, moins de normes absurdes, moins de freins pour ceux qui entreprennent et prennent des risques. En somme, remettre la raison économique et la responsabilité civique au cœur de l’action publique.
La France mérite un État-Stratège, pas un État-Comptable. C’est en construisant le futur, pas en taxant le présent, qu’on retrouvera l’élan collectif.
Nos députés peuvent continuer à empiler des taxes et à multiplier des textes dont plus personne ne comprend la logique. Mais qu’ils ne s’étonnent pas si, un jour, les Français décident de ne plus regarder leur écran et de leur envoyer une note bien plus salée que celle de la fiscalité : celle du désaveu démocratique.
Patrick Pilcer
Président de Pilcer & Associés, conseil et expert sur les marchés financiers, auteur de « Ici et maintenant – lecture républicaine de la Torah » (préface du Grand Rabbin de France, Haïm Korsia, éd. David Reinharc). Prochain livre à paraître le 8 décembre 2025 : « Radicalement républicain. Le mur n’est pas une fatalité. » Éditions InterVision.

















