Edito
03H22 - dimanche 9 novembre 2025

Belém 2025, Antalya 2026 : il faut supprimer les COP pour sauver la planète ! L’édito de Michel Taube

 
Belem 2025, Adélaïde 2026 : il faut supprimer les COP ! L’édito de Michel Taube

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Belém sera-t-elle la dernière COP ?

L’auteur de ces lignes a participé à plusieurs COP, celle de Paris en 2015, celle de Marrakech en 2016. Il est un ardent partisan du respect de l’environnement et de l’engagement résolu contre le réchauffement climatique et la perte de biodiversité. Le respect de la terre et des hommes est, avec la liberté, la valeur cardinale qui devrait guider nos vies.

Mais les COP, ces Conférences des Parties sur les changements climatiques des Nations unies, telles qu’elles se déroulent depuis des décennies, sont devenues des anomalies géopolitiques et climatiques. Il faut les supprimer : cela ne changera rien au destin de l’humanité ni de la planète.

Et ceci pour deux raisons principales.

Premièrement, lors de la COP28 à Dubaï il y a deux ans, et malgré des années d’efforts, les pays pétroliers ont définitivement gagné la partie en obtenant la renonciation, claire et assumée, à sortir des énergies fossiles dans un horizon raisonnable. La reprise subite et unilatérale, mais souveraine, du charbon à la suite de l’abandon du nucléaire par l’Allemagne d’Angela Merkel lors du terrible accident de Fukushima en 2011, avait déjà décrédibilisé toute l’action internationale des acteurs les plus multilatéralistes.

Bref, la sortie des énergies fossiles n’aura pas lieu parce que les principaux producteurs de pétrole restent libres de continuer à polluer l’atmosphère en alimentant les économies mondiales, surtout les plus puissantes et les plus consommatrices d’énergie. 

Deuxième raison, les COP se contentent de produire des objectifs inatteignables de réduction du CO₂, à longueur de réunions interministérielles et de palabres technocratiques, nourries par des centaines d’ONG corporatistes souvent culpabilisatrices. Ce sont de véritables mensonges multilatéraux : faute de pouvoirs de décision contraignants, ces grandes messes internationales accouchent d’engagements utopiques qui provoquent à chaque fois la déception parmi les opinions publiques et, pire, des décisions absurdes des pouvoirs publics.

 

Le tournant de l’Accord de Paris

Ainsi, et paradoxalement, c’est la COP la plus réussie de l’histoire qui a sonné le glas des COP suivantes : en adoptant l’objectif du fameux + 1,5° de réchauffement climatique, l’Accord de Paris signé il y a dix ans a définitivement décrédibilisé l’action internationale multilatérale car cet objectif n’a pas pu être atteint. 

Pour Bélem, au Brésil, l’Union européenne s’est ainsi donnée in extremis, après d’interminables débats internes, un objectif de décarbonation de 90 % à l’horizon 2040. Ce sont des promesses qui n’engagent jamais ceux qui les prennent puisque ce sont leurs successeurs qui en répondront devant leurs opinions, alors que tout le monde sait qu’elles ne seront pas tenues.

L’Union européenne, qui veut être le chevalier blanc qui lave plus blanc que les autres continents, quitte à détruire ses propres industries, s’engage même dans des objectifs suicidaires. La caricature, c’est la décision de supprimer les voitures à moteur thermique d’ici 2035 en Europe : aberration choquante et suicidaire, au regard du fait que les pays pétroliers ont gagné la bataille lors de la COP de Dubaï. Pire, les véhicules électriques européens sont des produits de luxe qui aggraveront les inégalités sociales dans le secteur vital des transports. Investir massivement dans l’hybride eut été plus pertinent.

 

Agir autrement

Pire, – nous le vivons tous au quotidien et les présentateurs de la météo en témoignent tous jours -, la réalité est que le réchauffement climatique est largement supérieur à +1,5 degré. Le dérèglement climatique s’accompagne d’une augmentation des températures, d’une sécheresse accrue mêlée d’épisodes de pluie de plus en plus intenses sur la planète. Le GIEC et autres rapports scientifiques internationaux ont largement sous-estimé la réalité du réchauffement climatique.

Parce que la situation est grave MAIS profondément structurelle, il faut cesser de culpabiliser tout le monde et encore moins détruire des industries entières comme l’automobile européenne pendant que les producteurs de pétrole des pays du Golfe et autres membres de l’OPEP continuent à s’enrichir de façon insolente.

La fameuse neutralité carbone, totem d’immunité climatique, se fera-t-elle sur le dos des pays non producteurs de pétrole et de gaz naturel ?

Il faut donc procéder autrement — et nous n’avons pas besoin des COP pour cela.

Sans les COP, misons sur des coalitions d’action et d’acteurs : l’Alliance solaire internationale par exemple, initiée par l’Inde et la France lors de la COP21 à Paris en 2015, est une ambition beaucoup plus concrète et ciblée.

Sans les COP, investissons massivement dans la recherche, dans le nucléaire tout autant que dans les énergies renouvelables, enfin dans la prévention, pour apprendre à vivre libres, mais dans la retenue, la sobriété de consommation et de production.

Sans les COP, la mondialisation « Made in China », dont Shein est aujourd’hui la caricature, doit être réinventée, ou revenir à ses sources, sur des bases de production locales préférentielles dans toutes les zones géographiques du monde. Le commerce mondial doit évidemment continuer mais se concentrer sur les échanges stratégiques et vitaux.

C’est à chaque État souverain ou à des alliances de projets de s’engager résolument dans la lutte contre le réchauffement climatique et pour la biodiversité.

Les économies d’énergie et les compensations carbone de ces COP supprimées pourront être réinvesties dans la recherche de solutions alternatives au thermique.

Les COP sont mortes. Vive notre planète verte !

 

Michel Taube

Directeur de la publication

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