Edito
08H34 - vendredi 17 octobre 2025

Daniel Hoeffel, ce gaulliste d’Alsace, chantre d’un humanisme rhénan. L’édito de Michel Taube

 

Daniel Hoeffel, ce gaulliste d’Alsace, chantre d'un humanisme rhénan. L’édito de Michel Taube

Avec la disparition de Daniel Hoeffel, la France perd bien plus qu’un ancien ministre : elle perd une figure de cette République des territoires, enracinée, modérée et visionnaire, qui a façonné la vie politique locale et nationale pendant plus d’un demi-siècle. À 96 ans, l’ancien sénateur du Bas-Rhin, trois fois ministre, incarnait une époque où la politique était d’abord un service, une fidélité à la France, et non une carrière.

Fils de l’Alsace, profondément attaché à sa région et à l’idée européenne, Daniel Hoeffel appartenait à cette génération de centristes humanistes qui plaçaient la décentralisation au cœur de la République. À une époque où Paris concentre toujours plus de pouvoirs et où les élus locaux se sentent dépossédés, son combat pour une France des territoires résonne d’une actualité saisissante. Il savait que la grandeur de la France se nourrit d’abord de la vitalité de ses provinces.

Ministre sous Raymond Barre, puis sous Édouard Balladur, président du conseil général du Bas-Rhin, président de l’Association des maires de France de 2002 à 2004, il aura été maire de Handschuheim pendant 43 ans, il aura traversé la Ve République avec constance et élégance. Sa vision de l’action publique reposait sur deux piliers : la responsabilité et la proximité. Loin des postures et des slogans, il croyait à la parole donnée, à la discrétion et au travail patient des bâtisseurs.

Comme le rappellent son président David Lisnard et le Bureau de l’Association des Maires de France, il a incarné « l’Acte II de la décentralisation, qui a voulu renforcer l’autonomie des collectivités tout en leur déléguant de nouvelles compétences. Il a porté avec détermination les principes de la décentralisation, leur consécration dans la Constitution et le maintien de la clause de compétence générale au profit des communes. »

Dans un monde politique gangrené par le cynisme et les querelles de pouvoir, Daniel Hoeffel faisait figure d’exception. Il appartenait à cette école gaulliste du centre droit qui plaçait l’État au service de la Nation, sans renoncer à la liberté des collectivités. À Strasbourg comme à Paris, il incarnait cette Alsace républicaine, rigoureuse et ouverte, fière de ses racines mais fidèle à la France.

Gaulliste d’Alsace, il était aussi le chantre d’un humanisme rhénan dont la France devrait s’inspirer pour gérer ses crises sociales à répétition.

Son héritage est considérable : celui d’une France qui savait conjuguer autorité et humanisme, rigueur et bienveillance, identité régionale et loyauté nationale. Dans une époque de fractures, son exemple rappelle que la politique peut encore être un art du lien, du respect et du service.

 

Michel Taube

Directeur de la publication