
Mayotte – un kwassa chavire, une enfant parmi les victimes migrantes
Le littoral de Koungou a été le théâtre d’un nouveau drame migratoire. Lundi matin, une embarcation de fortune partie d’Anjouan a chaviré au large, emportant avec elle trois vies : une femme âgée, une fillette de six ans et un troisième passager. Le parquet de Mayotte a confirmé les décès, précisant que les secours avaient repêché les corps dans l’après-midi, sans pouvoir encore expliquer les circonstances exactes du naufrage. Aucun témoin n’a assisté à l’accident, et les recherches se poursuivent pour s’assurer qu’aucune autre victime ne soit restée en mer.
Ce chavirage n’est pas un fait isolé : il s’inscrit dans une nuit de traversées multiples. Quatre kwassas ont quitté les Comores dans l’obscurité pour tenter de rejoindre le département français. Deux ont été interceptés, un a atteint la côte, et le dernier a sombré au large de Koungou. Cette récurrence illustre la persistance d’une route migratoire aussi surveillée que meurtrière.
À 70 kilomètres des Comores, Mayotte est devenue le point d’entrée le plus exposé de l’archipel. Les chiffres officiels donnent la mesure de la pression : en 2024, près de 500 kwassas et plus de 6.700 personnes ont été arrêtés par les forces de l’ordre. Mais derrière les statistiques, les morts s’accumulent. L’an dernier, au moins 25 migrants avaient péri lors d’un naufrage au large des Comores. Chaque tentative de traversée sur ces embarcations surchargées et vétustes est une roulette russe où la mer, agitée et imprévisible, tranche souvent l’issue.
Le gouvernement répète ses promesses de « refonder » Mayotte et de renforcer la lutte contre l’immigration clandestine. Mais pour les passagers des kwassas, la réalité reste implacable : une traversée à haut risque, où la quête d’un avenir meilleur peut se solder en quelques secondes par un drame absolu. À Koungou, la fillette et la septuagénaire disparues dans les flots incarnent tragiquement ce prix payé dans le silence des vagues.
Patrice Clech

















