Opinion Outre-Mer
17H13 - vendredi 3 octobre 2025

L’intersyndicale réunionnaise repart au front contre Sébastien Lecornu

 
L’intersyndicale réunionnaise repart au front contre Sébastien Lecornu

L’intersyndicale réunionnaise repart au front contre Sébastien Lecornu

À peine sorti de Matignon, le constat était amer : aucune réponse, rien de concret. Six jours après avoir défilé dans les rues de l’île, les syndicats de La Réunion remettent le couvert. Jeudi 2 octobre, une nouvelle journée de grève est annoncée, avec deux rendez-vous fixés à Saint-Denis et Saint-Pierre. Dans les rangs syndicaux, on promet « une grosse journée », comme pour effacer la frustration d’un rendez-vous avec le Premier ministre qui s’est résumé à des formules creuses et à des promesses fiscales hypothétiques.

Sébastien Lecornu, fraîchement installé à Matignon et encore dépourvu de gouvernement, a tenté d’amadouer ses interlocuteurs en évoquant d’éventuelles baisses d’impôts « en faveur du travail ». Mais sur la suspension de la réforme des retraites, ligne rouge pour l’intersyndicale, pas l’ombre d’une concession. Le chef du gouvernement a parlé d’ouverture, mais pas d’abandon. Pour les syndicats, c’est clair : il faudra hausser le ton.

La CFDT, la CGTR, FO, la FSU, la CFTC, l’Unsa, Solidaires, le Saiper, la CFE-CGC, sans oublier les étudiants et les associations altermondialistes, tous se retrouvent derrière le mot d’ordre : relancer la pression. L’appel est national, mais La Réunion n’entend pas rester à l’écart. « Comme nous n’avons eu aucune réponse, nous lançons l’acte 2 de la mobilisation », résume un responsable local. L’union syndicale se veut ferme : pas question de se disperser, encore moins de se résigner.

Le 18 septembre, la démonstration de force avait été mesurée : 2.600 manifestants recensés par les autorités, près du double selon les syndicats. Pas une marée humaine, mais assez pour rappeler que la rue n’a pas disparu du paysage politique réunionnais. Ce jour-là, la préfecture avait sorti l’artillerie lourde : 650 forces de l’ordre, soit quasiment un uniforme pour quatre manifestants. Un contraste qui n’est pas passé inaperçu.

Cette fois, les syndicats veulent dépasser ce seuil. Ils réclament non seulement l’abandon définitif de la retraite à 64 ans, mais aussi une politique fiscale qui frappe les gros patrimoines et allège la charge sur les bas revenus. Les mots d’ordre sont connus : lutte contre la précarité, défense des acquis sociaux, refus du « pouvoir absolu ». Les références aux transporteurs, récemment parvenus à arracher des concessions, servent de boussole : « À nous de faire mieux », glisse-t-on dans les cortèges.

Au-delà des slogans, c’est aussi le plan Bayrou qui cristallise la colère. Les syndicats y voient une remise en cause brutale de décennies de conquêtes sociales. L’intersyndicale parle même de « mesures ignobles » et d’un retour en arrière insupportable. À la veille de la préparation du budget 2026, elle entend peser de tout son poids, espérant que la rue pèsera plus que les sourires polis de Matignon.

Jeudi matin, les cortèges s’élanceront du Jardin de l’État à Saint-Denis et des Jardins de la plage à Saint-Pierre. Les drapeaux syndicaux flotteront à nouveau, portés par la conviction que seule la mobilisation peut encore infléchir la trajectoire d’un gouvernement déjà sur la défensive. Lecornu a promis des « propositions ». Les syndicats, eux, veulent des résultats. Entre les deux, il y aura une nouvelle bataille de chiffres dans les rues de l’île.

Patrice Clech

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