Edito
09H46 - jeudi 25 septembre 2025

Lecornu pourra-t-il seulement former un gouvernement ? L’édito de Michel Taube

 

Lecornu pourra-t-il seulement former un gouvernement ? L’édito de Michel Taube

Il l’a reconnu lui-même : Sébastien Lecornu est le plus fragile des Premiers ministres de la Ve République. Fragile au point que certains imaginent déjà son retour anticipé à l’Élysée pour constater l’échec de sa mission et remettre son tablier.

En le nommant à Matignon, Emmanuel Macron a tenté une nouvelle méthode : charger son chef de gouvernement non pas de former une équipe immédiatement, mais d’abord de sceller un « contrat de gouvernement », ou plutôt un pacte de non-censure, avant même d’envisager la composition du futur exécutif. Une inversion des logiques traditionnelles faite pour gagner du temps et qui cache mal la paralysie politique dans laquelle la France est plongée.

Emmanuel Macron a fait de rêver en nommant son 7ème premier ministre : il lui demandait de « consulter les forces politiques représentées au Parlement en vue d’adopter un budget pour la Nation et bâtir les accords indispensables aux décisions des prochains mois ». Et d’ajouter que « l’entente entre les forces politiques est possible dans le respect des convictions de chacun ». Louable sur le papier, mais terriblement fragile dans les faits et impossible au vu de l’irréconciliabilité idéologique et tactique des trois blocs qui s’opposent à l’Assemblée Nationale.

La vérité est crue : la probabilité que Lecornu parvienne à forger une telle entente est quasi nulle. Ni le budget, ni les mesures régaliennes, ni les compromis sociétaux ne trouveront une majorité solide dans un Parlement fracturé entre un RN de plus en plus convaincu d’arriver bientôt au pouvoir, une gauche radicalisée et un bloc central exsangue. À moins de miracles, ce Premier ministre n’aura pas les moyens de gouverner, seulement de survivre quelques semaines dans l’attente d’une tempête.

Dès lors, l’hypothèse d’une démission anticipée ne relève plus de la fiction mais d’un scénario crédible, presque probable. Et dans ce cas, une seule issue s’imposerait à Emmanuel Macron : dissoudre l’Assemblée nationale. Dissolution risquée, dissolution incertaine, mais dissolution inévitable si Lecornu échoue à forger cette impossible « entente entre les forces politiques ».

 

Michel Taube

Directeur de la publication