Edito
12H24 - vendredi 12 septembre 2025

Lecornu – Gustin : deux connaisseurs des Outre-mer à Matignon.

 
Lecornu - Gustin : deux connaisseurs des Outre-mer à Matignon

©D. Quérin – Guadeloupe la Première – 2020

La démission anticipée de François Bayrou aura au moins eu une vertu : l’enterrement provisoire du projet de loi sur la vie chère porté par Manuel Valls, texte aux relents bureaucratiques et socialistes, hostile à toute réalité économique et marqué par une vision malthusienne de nos Outre-mer.

En nommant Sébastien Lecornu Premier ministre et en plaçant à la direction de son cabinet Philippe Gustin, ancien préfet de Guadeloupe, Emmanuel Macron a choisi un ticket qui connaît les Outre-mer, leurs réalités sociales et leurs défis républicains. Voilà une rupture bienvenue, après des mois de flottement et de décalage avec la vérité du terrain. François Bayrou avait un peu trop délégué à son ministre des Outre-mer le soin de protéger nos terres oscille lointaines de Paris et du Béarn que précieuses pour le rayonnement de la France.

Philippe Gustin a laissé dans les Antilles le souvenir d’un préfet ferme, ancré dans les valeurs régaliennes de la République. Ceux qui se battent pour maintenir le lien républicain dans des territoires trop souvent abandonnés par Paris se rappellent d’un homme capable de dialoguer mais qui ne transigeait pas avec l’ordre public. Sa nomination aux côtés de Sébastien Lecornu n’est pas anecdotique : c’est un signal adressé à ceux qui doutaient encore de la capacité de l’État à incarner l’autorité et à défendre la continuité nationale jusque dans nos îles.

Quant à Sébastien Lecornu, il n’aura pas été ministre des Outre-mer longtemps, mais il y a marqué les esprits. On se souvient de cet épisode en 2019 en Guadeloupe où, face au leader syndicaliste Élie Domota qui refusait de condamner les violences commises, Lecornu avait refusé de s’asseoir à sa table. Un geste symbolique mais rare, rappelant que l’État ne peut dialoguer avec ceux qui justifient l’insurrection.

Lecornu sera-t-il l’anti Valls sur les Outre-mer ? Le ministre d’État des Outre-merdémissionnaire avait osé rencontrer les fauteurs de troubles et de haine du RPPRAC lors de sa visite en Martinique en mars dernier et il a refusé la semaine dernière de condamner publiquement les récents débordements du RPPRAC, pourtant clairement dénoncés par le préfet Etienne Desplanques. Double faute politique et morale, dans un moment où la République a besoin de clarté et de fermeté.

La comparaison est cruelle : là où Valls s’est laissé enfermer dans les ornières d’un socialisme impuissant et clientéliste, Lecornu et Gustin portent la promesse d’un retour à l’autorité, à la continuité républicaine, mais aussi à une vision économique réaliste et pro-business. Car les Outre-mer n’ont pas besoin d’assistanat supplémentaire ni de mesures administratives inefficaces, mais de croissance, de développement et de sécurité.

Reste une question majeure : qui sera nommé ministre des Outre-mer dans le gouvernement Lecornu ? Et le contrat de gouvernement que le nouveau Premier ministre essaye d’obtenir pour stabiliser l’exécutif jusqu’en 2027 contiendra-t-il des clauses et des engagements sur les Outre-mer ? Sébastien Lecornu onsolidera-t-il le projet d’accord de Bougival en Nouvelle-Calédonie sans accepter la moindre contagion dans les autres territoires des Outre-mer ? Misera-t-il sur une grande loi fiscale et d’adaptation du droit national et européen aux territoires ultramarins et enterrera-t-il définitivement un projet dangereux sur la vie chère ? 

Le jeu est ouvert. François-Noël Buffet, qui a déjà exercé cette fonction et accompagne depuis des mois Bruno Retailleau dans son action régalienne, a l’expérience nécessaire. Jean-François Carenco, excellent ministre des Outre-mer par le passé, pourrait également retrouver une place centrale. Mais l’essentiel est clair : il faudra un ministre solide, capable de prolonger la ligne républicaine incarnée par Lecornu et Gustin, à l’opposé du laxisme vallsien.

À Matignon souffle peut-être un vent nouveau. Il faudra vite vérifier s’il s’agit d’une brise passagère ou du souffle d’une véritable refondation de la politique Outre-mer de la France.

 

Michel Taube

 

Directeur de la publication