
Il y a des dates qui changent le cours de l’Histoire. Le 7 octobre 2023 en fait partie. Ce jour-là, alors que des terroristes s’attaquaient aux populations civiles d’Israël dans une tentative de pogrom de masse, le monde a assisté à une barbarie d’une ampleur inédite depuis la Shoah. Les images, filmées par les bourreaux eux-mêmes, ne laissaient aucun doute : ce fut une tentative de génocide.
Et pourtant, dès le 7 octobre au soir, deux dynamiques funestes se sont enclenchées.
D’un côté, une acceptation tacite, parfois même une justification, de la haine des Juifs, au nom d’un prétendu combat politique ou d’un « contexte » géopolitique. Certains accusaient l’occupation de Gaza par Israël pour justifier l’injustifiable, alors qu’ils savaient pertinemment qu’il n’y avait plus d’israéliens et de juifs depuis 2005 à Gaza, cette terre devenue une terre d’apartheid réel, contre les non-musulmans, contre les juifs, les chrétiens, les LGBT+...
De l’autre côté, une entreprise de négationnisme immédiat, niant les crimes pourtant documentés, minimisant les atrocités, osant mettre en doute les témoignages et les preuves. Comme si la tentative d’extermination avait fait sauter un verrou psychologique : tuer des Juifs redevenait pensable, dicible, explicable, parfois même justifiable, légitimé.
Une haine qui explose au grand jour
Depuis, le monde occidental et la France en particulier connaissent une explosion des actes antisémites. Les chiffres le confirment : agressions, menaces, inscriptions infamantes, harcèlements dans les écoles, insultes dans la rue ou sur les réseaux sociaux, mis au ban et boycott des artistes, des universitaires, des chercheurs, juifs comme israéliens, interdiction aux entreprises israéliennes de participer à des salons, confusion entre israéliens et juifs...
Mais au-delà des chiffres, c’est le climat qui a changé. Cette haine ne se cache plus. Elle se dit, elle s’affiche, elle se revendique.
On ne parle plus de simples « dérapages » isolés. Ce sont des cortèges qui scandent des slogans de haine dans nos rues, des fresques qui banalisent le meurtre de Juifs, des élus ou responsables associatifs qui se taisent, ou pire, qui cautionnent par leur silence. Ce sont aussi des enseignants menacés parce qu’ils osent rappeler ce qu’a été la Shoah, des étudiants pris à partie parce qu’ils portent une kippa, des familles contraintes d’ôter une mezouza de leur porte par peur d’être ciblées.
La société française, patrie des droits de l’homme et de la laïcité, devrait être le dernier refuge contre ce fléau. Elle devient aujourd’hui l’un des principaux théâtres d’hostilité. Comme si l’histoire ne nous avait rien appris.
Un antisémitisme ancien, une nouvelle légitimation
Bien sûr, l’antisémitisme n’a jamais disparu. Il a changé de visages : avant-hier religieux, hier encore d’extrême droite, aujourd’hui largement islamiste et d’ultragauche. Mais la nouveauté depuis le 7 octobre, c’est l’ampleur et la décomplexion. La haine des Juifs se dit sans masque, se justifie au nom de la « cause palestinienne », se répand dans les médias sociaux où les théories complotistes prospèrent.
L’alliance objective entre les islamistes et certains segments de la gauche radicale, au nom d’un antisionisme dévoyé, banalise l’hostilité aux Juifs. Elle travestit un racisme millénaire en pseudo-combat pour la justice. Mais chacun sait que délégitimer Israël, nier son droit à exister, c’est frapper au cœur l’existence même des Juifs dans le monde, et affaiblir tout l’Occident.
Une France en danger
Le danger est immense, car cet antisémitisme est un poison qui attaque la République elle-même. Quand les Juifs ne sont plus protégés, c’est l’universalité des droits qui est attaquée. Quand une communauté est ciblée, c’est l’ensemble du corps social qui vacille. La République ne se divise pas : elle protège ou elle s’effondre.
Il y a urgence à retrouver la clarté. La haine des Juifs n’est pas une opinion : c’est un crime. La négation des massacres du 7 octobre n’est pas une « opinion divergente » : c’est du négationnisme, et donc une insulte à la vérité et à la mémoire. Ceux qui se taisent, ceux qui relativisent, deviennent complices. Que dire de celui qui récompense les terroristes, peut-être même en pensant bien agir ?
Une haine qui a un drapeau et un foulard
Cette haine arbore un drapeau, celui d’un hypothétique état palestinien, quand la Jordanie, l’autre partie du mandat britannique sur la Palestine, devrait être cette Palestine naturelle dont certains rêvent ; cette haine a son drapeau devenu étendard de la convergence des luttes.
Cette haine a son foulard, le fameux keffieh, popularisé par les terroristes de l’OLP de Yasser Arafat dès les années 1960, cette OLP créée par le KGB et par les services secrets de Nasser pour nuire à Israël et à l’Occident. Doit-on s’étonner quand l’autorité palestinienne et le Fatah, en anglais, condamnent le meurtre par 2 terroristes de 6 israéliens parce que juifs, à Jérusalem, capitale d’Israël, et glorifient en arabe ses deux barbares, ses deux « martyrs »?
Peut-on être surpris dès lors quand, dans les opérations de saccage de nos villes, le 10 septembre, les porteurs de keffieh et de drapeaux palestiniens étaient partout sur les points chauds, et s’en prenaient physiquement aux paisibles citoyens, un peu perdus, qui avaient, eux, amené des drapeaux français. La haine des juifs n’est que l’autre face de la même pièce : la haine des valeurs de l’occident, la haine des valeurs de la démocratie, la haine des valeurs de la République !
Ce que nous devons faire
Il faut des actes. Renforcer la sécurité des lieux de culte et des écoles juives, oui. Mais cela ne suffira pas. Il faut aussi assumer une politique de tolérance zéro : dissolution des associations qui prônent la haine, sanctions rapides et fermes contre les auteurs, et un combat sans relâche sur les réseaux sociaux contre la diffusion de contenus antisémites.
Il faut surtout un sursaut de la société française. Que chacun prenne conscience que lutter contre l’antisémitisme n’est pas « défendre les Juifs » : c’est défendre la République. C’est défendre l’idée même de civilisation contre la barbarie.
Comme le disait Elie Wiesel, « le bourreau tue toujours deux fois, la seconde fois par le silence ». Ne nous taisons plus. Nommons les choses, refusons les euphémismes, dénonçons les complaisances. Il en est de la survie de notre modèle culturel, économique, civilisationnel.
Il nous faut aussi aider nos amis israéliens à éradiquer définitivement le hamas et ses barbares islamistes, à Gaza, à Ramallah comme à Istanbul et à Doha ! il nous faut applaudir quand Israël élimine des chefs de ces barbares, même à Doha, comme nous avons applaudi quand nos alliés américains ont éliminé Ben Laden qui se pensait tranquille au Pakistan. Aucun endroit dans le monde ne doit être sûr pour ces monstres ! Ils doivent se sentir en danger à tout moment, tout comme leurs soutiens. C’est comme cela que nous ferons taire la haine des juifs pour les cent prochaines années !
Parce que cet antisémitisme qui ne se cache plus est une menace directe, immédiate, existentielle. Et parce que la République, si elle se tait, trahit ce qu’elle est.
Il est grand temps, comme le propose fort justement depuis plusieurs mois M le Grand Rabbin de France Haïm Korsia, de décréter la lutte contre la haine des juifs Grande Cause Nationale !
Président de Pilcer & Associés, conseil et expert sur les marchés financiers, auteur de « Ici et maintenant – lecture républicaine de la Torah » (préface du Grand Rabbin de France, Haïm Korsia, éd. David Reinharc).

















