Edito
10H36 - mardi 2 septembre 2025

Chute annoncée de Bayrou ? Quand les députés des Outre-mer devront choisir entre responsabilité et posture… La chronique d’Emmanuel de Reynal

 

Le 8 septembre, François Bayrou soumettra son gouvernement au vote de confiance. Ce moment décidera si la France s’engage sur un chemin de stabilité ou replonge dans le chaos politique. Et en première ligne, nos députés antillais devront se positionner.

Soyons clairs : que l’on adhère ou non aux mesures mises sur la table, force est de constater que nos préoccupations ultramarines ne sont plus ignorées.

Le projet de loi Valls contre la vie chère, tel qu’il est conçu, est dangereux pour la Martinique. Il est néanmoins l’expression d’un combat porté par nos parlementaires… Mais il faut reconnaître une chose : le gouvernement a ouvert le débat. Et ce débat, s’il est pris au sérieux, peut être l’occasion d’obtenir des avancées concrètes sur des points structurants comme la continuité territoriale, les tarifs export, ou même – pourquoi pas – la zone franche sociale. À condition que nos élus s’emparent résolument de ces sujets.

Quant à Bruno Retailleau, sa détermination sur le front de la sécurité, notamment face au narcotrafic, redonne un souffle d’espoir à des populations qui se sentaient abandonnées depuis trop longtemps.

Voilà quelques signes qui montrent que l’État prend en compte nos réalités. Faut-il les balayer d’un revers de main au nom de la seule posture politicienne ? Faut-il hypothéquer ces avancées, aussi fragiles soient-elles, pour satisfaire l’agenda de partis hexagonaux qui n’ont que faire du destin de la Martinique ?

Le mur de la dette est bien à nos portes. La Martinique n’est pas épargnée par cette menace nationale, bien au contraire. Dans un territoire où le taux d’emploi public est l’un des plus importants de France et où les finances publiques locales sont très fragiles, l’impact d’une dette incontrôlée serait dévastateur. Ce contexte exige plus de responsabilité, pas moins.

C’est pourquoi la position des parlementaires ultramarins est cruciale. En votant la défiance, ils renonceront de fait à leur propre travail parlementaire. Car c’est justement dans le débat budgétaire qui s’annonce que nos élus ont une carte à jouer pour défendre nos territoires, infléchir les arbitrages et obtenir des garanties. Refuser la confiance, c’est refuser d’entrer dans l’arène au moment décisif.

Alors la question s’impose directement à nos députés : Jean-Philippe Nilor, Marcellin Nadeau, Jiovanny William, Béatrice Bellay… Votre vote, le 8 septembre, sera un signal fort. Allez-vous une fois encore suivre les consignes de LFI ou du PS, et censurer le gouvernement Bayrou ? Allez-vous, par réflexe d’alignement anti-Macron, précipiter nos territoires dans une nouvelle période d’instabilité ?

La vérité est simple : un vote de défiance ne renforcera pas la Martinique. Il l’affaiblira. Il gèlera des négociations en cours, retardera des décisions essentielles, et replongera nos territoires dans l’incertitude, alors que le risque de la dette exige des choix lucides et courageux.

Le 8 septembre, vos mains ne devront pas trembler. Parce que ce n’est pas la carrière de François Bayrou qui est en jeu, mais l’avenir immédiat de nos territoires. Ce jour-là, dans l’hémicycle, soyez les porte-voix de la Martinique, et non les relais des colères hexagonales !

 

 Emmanuel de Reynal

Chef d’entreprise, écrivain, auteur du site https://www.laissemoitedire.com/