Opinion Outre-Mer
17H48 - lundi 1 septembre 2025

Polynésie : neuf heures de débats pour un collectif budgétaire adopté

 

Mardi soir, après une journée entière de discussions et cinq heures déjà consacrées en commission la semaine précédente, l’assemblée de la Polynésie a finalement adopté le troisième collectif budgétaire de l’année. Un texte qualifié de purement technique, destiné à réaffecter un reliquat de plus de cinq milliards de francs issus de l’exercice 2024. Mais derrière l’apparente routine comptable, les échanges se sont révélés animés, touchant à la santé, au social et à la vie chère.

Le ministre de la Santé, Cédric Mercadal, a été longuement interpellé sur la situation critique du Centre hospitalier de Taaone, qui a frôlé ce week-end le déclenchement d’un « plan blanc ». Face aux élus sceptiques, il a reconnu les tensions persistantes mais assuré que l’établissement était « repassé en niveau 1 » après l’alerte. Selon lui, l’amélioration annoncée en juin concernait surtout les finances, avec un budget voté à l’équilibre pour la première fois depuis des années. Mais il a concédé que le principal frein restait le manque de médecins, et non de postes. « Nous devons être plus compétitifs pour attirer des praticiens et convaincre les jeunes Polynésiens de revenir », a-t-il admis.

La sénatrice Tapura Lana Tetuanui a élargi le débat au secteur social, dénonçant des CDD à outrance dans des services qui n’en ont pas besoin, quand la santé et la protection de l’enfance manquent cruellement de bras. Elle a rappelé le drame de la petite Ayden, décédée dans sa famille d’accueil, pour pointer l’insuffisance des moyens de la DSFE. La ministre des Solidarités, Minarii Galenon, a répondu en annonçant une réorganisation engagée depuis janvier et la création de 18 postes, dont 12 consacrés à la petite enfance. Elle a néanmoins reconnu que 2 600 mineurs étaient suivis par seulement 40 travailleurs sociaux.

Autre sujet sensible : la lutte contre la vie chère. L’opposition a reproché au gouvernement l’absence de traduction concrète des propositions issues du colloque sur les produits de première nécessité (PPN). Warren Dexter, ministre des Finances, a balayé toute idée de suppression mais évoqué un dispositif à « améliorer », avec notamment 120 millions destinés au fret international pour soulager les prix en magasin.

Enfin, les élus ont soulevé l’existence d’un fonds de prévention sanitaire et social doté d’1,2 milliard de francs, encore gonflé de 43 millions par ce collectif, mais très peu utilisé. Une enveloppe qui interroge, alors que des crédits spécifiques sont votés pour la lutte contre l’ice.

Malgré ces critiques, le collectif a été adopté à l’unanimité peu avant 19 heures. La séance a été suspendue, mais treize autres dossiers attendent encore sur la table, dont la réforme du régime des non-salariés et plusieurs textes santé. Preuve qu’en Polynésie, un budget dit « technique » peut suffire à tenir l’hémicycle en haleine neuf heures durant.

Patrice Clech

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