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16H55 - jeudi 4 novembre 2021

Chèque-Inflation, l’aveu d’échec du gouvernement face à la paupérisation des salariés !

 

Pour diminuer l’impact de la hausse du prix de l’énergie, et de l’inflation, sur le pouvoir d’achat des Français, le gouvernement Castex a décidé, là encore, de sortir le chéquier magique et d’accorder une prime de 100 € aux salariés, façon « hélicoptère monnaie ». Ces 100 € sont les bienvenus pour les salariés qui gagnent moins de 2000 € net par mois, et qui ont de plus en plus de mal, depuis quelques années, à vivre correctement de leur labeur. Et ils ont raison de dire merci (surtout quand ils touchent 1980 € et non 2010 € !), pour ce petit montant qui ne va pas les aider dans leur pouvoir d’achat, mais dans leur « pouvoir-vivre ».

 

Car comment fait-on quand on a un beau métier, infirmière par exemple, pour boucler les fins de mois ? Prenons l’exemple d’Isabelle, infirmière à Saint Denis. Elle a 20 ans d’expérience et touche, net 1800 €. Son loyer, charges, électricité, gaz, assurance, internet, téléphone lui coûtent 1000 € par mois. Sa mère, malade, vit en Occitanie ; aller la voir, simplement, une fois par mois, lui coûte 160 €. Isabelle ne peut donc y aller deux fois par mois ! Il ne lui reste que 20 € par jour pour vivre ! Pourtant, Isabelle a un beau métier ; elle ne peut mettre un sou de côté ni partir en vacances ! du coup, incroyable, mais vrai, elle fait du baby-sitting pour ses voisins et amis pour s’offrir quelques extras…

 

Sa collègue a décidé, elle, de déménager près de Thionville. Elle a trouvé le même travail d’infirmière à Luxembourg, mais elle y touche 4000 € nets par mois, avec un coût de vie au nord de la Lorraine, à quelques kilomètres de son travail près de deux fois moins élevé qu’à Saint Denis ! La sœur d’Isabelle, chercheuse en biologie, a quitté le plateau de Saclay pour aller travailler à Lausanne, pour le même type de projet de recherche, mais elle y est payée trois fois plus !

 

Chacun connaît autour de lui des dizaines de cas similaires. Quel échec retentissant pour notre pays ! Quel triste constat de paupérisation de nos salariés, et de notre nation ! Nous dégringolons partout, dans l’enseignement, autrefois orgueil de notre nation, au classement PISA, nous sommes à présent derrière la Slovénie et la Belgique, à égalité avec le Portugal. Quel que soit le secteur, éducation, recherche, santé, industrie, innovation, etc… nous ne sommes sur aucun podium ! Quel triste bilan pour le gouvernement sortant !

 

Que fera le gouvernement si le baril de pétrole passe de 85 $ à 100 ou 120 en février ? va-t-il refaire un chèque de 100 € ? Pourquoi ne met-il pas en place, enfin, une politique de baisse des charges salariales et patronales afin que le salaire, et non l’aumône, suffise à vivre ? Pourquoi en France, quand une entreprise souhaite rémunérer un salarié à 2000 € net, cela lui coûte-t-il 3500 € ? Pourquoi ne pas avoir réduit la taille de l’administration, et pourquoi l’avoir, en fait, augmentée ? Est-on mieux soigné en France depuis que l’État a mis en place les ARS et multiplié les non-soignants dans les hôpitaux ? Y a-t-il eu une analyse du bien-fondé des ARS et de leur apport négatif ou positif à la Santé Publique ?  L’État a-t-il mis à disposition de nos forces de l’ordre ou de notre justice des outils numériques modernes pour faciliter leurs tâches administratives ? Pourquoi les logiciels dans les commissariats buggent-ils sans cesse, comme dans un pays du tiers monde, à l’heure de l’Intelligence Artificielle ?

 

Plutôt que de faire l’aumône aux salariés, le gouvernement aurait dû, d’une part, augmenter le salaire net perçu, en diminuant les charges, et, d’autre part, mettre en route une véritable réforme de l’administration, moderniser l’État, un État 2.0, en utilisant les technologies actuelles et en mettant ainsi les effectifs de la fonction publique à leur optimum d’utilité ! Ce gouvernement n’est crédible ni sur le pouvoir d’achat ni sur la réforme de l’État, même si, pour la campagne, son candidat nous ressortira son discours sur la modernisation de la fonction publique. Il est vrai qu’il a largement entamé ce chantier : il a changé le nom de l’ENA… d’autres candidats à la présidentielle sont bien plus crédibles. Même Arnaud Montebourg l’est en la matière ; il a fait preuve d’une grande cohérence sur ces sujets depuis longtemps. Espérons qu’il soit le candidat du PS en lieu et place de la maire de Paris. Il serait dommage, voire dommageable que la Gauche de gouvernement n’est pas un candidat, une fois de plus, à la hauteur des enjeux de notre pays. Mais surtout, au Centre et à Droite, le programme de Xavier Bertrand développe exactement cela, la Sécurité, le développement des Territoires, et la Valeur Travail, exactement ce que souhaitent les Français. Chacun peut le trouver et le lire sur internet, puisque les grands médias ne lui donnent que trop peu la parole.

 

Il n’y a pourtant aucune fatalité à la paupérisation de nos salariés et de notre pays ni aucune surprise dans le constat que l’on peut dresser depuis trop longtemps. Cela fait des années que les gouvernants, essentiellement de gauche, ont cessé de glorifier le travail. Ils ont accumulé charges et taxes sur les entreprises et sur les salariés. Les idéologies ont pris le pas sur la réalité économique : le travail, du latin tripalium, outil de torture, est une souffrance, et non un épanouissement, un moyen d’émancipation. Il faut réduire le travail le plus possible et développer l’oisiveté, le temps libre a même eu son ministère. Il faut que ceux qui travaillent, soit parce qu’ils n’ont pas compris leur erreur soit parce qu’ils ont la chance d’en avoir, paient pour les autres. Haro sur les riches (riches à partir de 2000 € pour M Castex, ou 4000 versions Hollande ?), soyons tous pauvres !

 

Il est grand temps de sortir de cette impasse et de glorifier à nouveau le travail. La campagne présidentielle qui s’ouvre va être celle du travail et du pouvoir d’achat. Ne laissons pas ce temps démocratique être phagocyté par ceux qui préfèrent détruire notre pays en créant les conditions d’une guerre civile, par ceux qui préfèrent le traître Pétain, Drumont et autres pourritures, à de Gaulle, Mendès France et Zola, le grand écrivain du Progrès Social !

 

Patrick Pilcer

Président de Pilcer & Associés, conseil et expert sur les marchés financiers
Patrick Pilcer, Président de Pilcer & Associés, conseil et expert sur les marchés financiers